L’intérêt d’un deuxième avis dans les pathologies du rachis par le Pr Jérôme Allain

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Les pathologies du dos représentent un enjeu majeur en France. 84% des personnes souffriront au moins une fois dans leur vie de mal de dos et ce pourcentage augmente nettement au fil du temps. Ces pathologies peuvent avoir de réels impacts tant au niveau physique que psychologique. Le professeur Jérôme Allain, chirurgien orthopédiste et traumatologue à l’Institut du Rachis Parisien, fait partie des 350 médecins référencés par deuxiemeavis.fr et a contribué à l’étude sur l’impact médico-économique d’un deuxième avis dans la prise en charge des pathologies lombaires dégénératives (discopathies et sténoses du canal lombaire tout particulièrement).

L’intérêt d’un deuxième avis dans les pathologies du rachis par le Pr Jérôme Allain

Pr Jérôme Allain, chirurgien orthopédiste et traumatologue.

© DR

C’est une vraie question de santé publique ! On le disait en intro, le mal de dos est partout. Environ 2 salariés sur 3 seront concernés par une lombalgie ou dorsalgie et dans 20% des cas, cela conduira à un arrêt de travail qui peut durer de longs mois. Même si elle n’intervient que dans une grande minorité des cas, la chirurgie peut être utile mais elle fait peur aux patients, qui du coup, préfèrent demander l’avis de plusieurs spécialistes avant d’éventuellement franchir le pas.

PrJérôme Allain explique : « Le recours à un deuxième avis est vraiment devenu banal. Les patients n’hésitent plus à consulter plusieurs médecins avant de prendre une décision pour se faire opérer ou soigner. Que les médecins le veuillent ou non, c’est vraiment entré dans la pratique. 

Pour les pathologies du dos, en particulier, il y a énormément d’intervenants potentiels et réels. Le parcours des patients est souvent très long : ils peuvent avoir consulté leur généraliste, un rhumatologue, un médecin rééducateur, un diététicien, un radiologue, un kinésithérapeute, un chirurgien et ainsi se voir proposer des prises en charge diverses et variées et un panel de médications très large. 

Quand, après tout ce parcours, le patient consulte le chirurgien, il ne va pas forcément adhérer à la solution thérapeutique proposée. Cela est encore plus accentué si le patient voit un deuxième chirurgien qui opte pour une solution différente. Le patient se retrouve avec trop d’informations, il ne sait pas laquelle choisir et à qui faire confiance. 

« Il y a réellement plusieurs approches reconnues et respectables très différentes pour une même pathologie de la colonne vertébrale »


Dans les faits, il y a réellement plusieurs approches reconnues et respectables très différentes pour la même pathologie de la colonne vertébrale. Cela peut être difficile à entendre pour un patient. Il y a une vraie justification pour que différentes techniques soient proposées en fonction du patient (obèse, insuffisant respiratoire, problèmes cardiaques…), des contraintes de la pathologie et aussi de la formation du chirurgien. Les résultats in fine sont souvent relativement proches.

Notre discipline, en tant que chirurgien spécialisé dans les pathologies du rachis, est donc vraiment complexe et entraîne des inquiétudes compréhensibles de la part des patients. Le risque d’une situation irréversible existe, d’où ce recours, très fréquent, au deuxième avis, que j’encourage d’ailleurs fortement à ma propre consultation avant la prise d’une décision, bien entendu, importante, par le patient. »

Deuxiemeavis.fr : un service rendu à la patientèle 

Le service deuxiemeavis.fr offre la possibilité aux patients, n’importe où sur le territoire, d’obtenir l’avis d’un des 350 médecins référencés selon des critères transparents par un comité scientifique et éthique pour leur expertise dans une pathologie donnée, sous 7 jours maximum, gratuitement et sans avance de frais. Le médecin sur-spécialiste qui donne le deuxième avis n’a pas vocation à soigner le patient par la suite. 

Jérôme Allain est un médecin référencé par le service deuxiemeavis.fr  depuis plusieurs années, il explique : « C’est un avis parfois complexe à donner car il y a une vraie limite : on ne peut pas pratiquer d’examen clinique du patient. Néanmoins, grâce aux documents déposés de manière sécurisée par le demandeur sur deuxiemeavis.fr, on peut vraiment avoir une connaissance du patient. Par exemple, pour une pathologie de lombalgie, il y a quand même 68 questions dont des questions rédactionnelles et des échelles analogiques de la douleur. Cela nous permet d’avoir une excellente visualisation du handicap du patient, de ce qu’il peut faire ou ne peut pas faire et pourquoi. On a aussi les courriers de consultation avec les détails de l’examen clinique réalisé par nos confrères et les imageries. On a donc une excellente vision du cas du patient et on peut apporter un avis de qualité rapidement. C’est un vrai service rendu à la patientèle ! Par ailleurs, l’accès dématérialisé offre une solution aux problèmes territoriaux d’accès aux soins, une accélération de la prise en charge, et la démarche reste toujours confraternelle, dans le respect du premier avis, avec une trace écrite qui peut être consultée. »

L’impact médico-économique des avis de deuxiemeavis.fr dans la prise en charge des pathologies lombaires

Deuxiemeavis.fr a mené une étude dont l’objectif est d’analyser la convergence ou divergence des avis donnés par un expert par rapport au premier avis. Une analyse des coûts de prise en charge en santé et prévoyance des pathologies lombaires a ensuite été réalisée.

Jérôme Allain détaille les résultats : « Nous avons analysé 309 dossiers de pathologies lombaires dégénératives car c’est une entité qui nous permet d’avoir une population assez homogène. Les résultats montrent que 69% des avis étaient convergents avec le premier avis et 31% étaient divergents, soit environ 100 patients. Les avis divergents correspondent à des patients pour lesquels nous avons récusé une indication chirurgicale proposée initialement (12%), proposé une alternative thérapeutique à la chirurgie notamment une infiltration (10%), orienté les patients vers une opération, notamment s’ils n’avaient pas encore vu de chirurgien (10%), conseillé de voir un médecin de la douleur (9%), réorienté vers un autre spécialiste (7%) ou vers de la rééducation (4%) ou demandé des examens complémentaires (5%). Pour 10 patients soit environ 3%, on a même proposé un autre diagnostic. »

1 751€ sont économisés en moyenne grâce aux deuxièmes avis

Stéphane Billon, économiste de la santé et enseignant chercheur à l’Université Paris-Dauphine et au Conservatoire National des Arts et Métiers s’est ensuite intéressé à la différence de coût entre le premier et le deuxième avis. Il en résulte que pour les avis divergents, il y a une économie moyenne de soins de 1 751€ par dossier. « Cela s’explique par le fait qu’un expert va faire des choix thérapeutiques qui coûtent moins cher que le premier avis et notamment parce que bon nombre d’indications chirurgicales ont été récusées suite au deuxième avis. » analyse Jérôme Allain.

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Enfin, une analyse de la satisfaction des patients a été faite. 95% des patients sont très satisfaits ou satisfaits du deuxième avis obtenu. « Cela s’explique notamment par le fait qu’ils sont rassurés car les médecins qui donnent le deuxième avis sont des “référents” dans leur discipline et qu’ils sont désintéressés de l’aspect financier des dossiers analysés car ce ne sont pas eux qui sont susceptibles d’opérer le patient. Ce qui ressort également c’est que les patients comprennent mieux la pathologie, les traitements, les différentes alternatives, les bénéfices et les risques via le compte rendu. En effet, via deuxiemeavis.fr, ils ont un document écrit très détaillé et personnalisé. En rendez-vous « classique » et de façon générale, les chirurgiens ne communiquent très souvent pas assez avec leurs patients, sur les risques, les alternatives, et comment ça va se passer. » explique Jérôme Allain.

- Un expert interviewé pour deuxiemeavis.fr
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