A l’hôpital d’Elbeuf, en pleine crise, 20 patients qui dorment dans les couloirs, et des médecins à bout

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Services "sur-remplis" et "véritable épuisement" des soignants : le personnel du centre hospitalier intercommunal (CHI) d'Elbeuf Louviers (Seine-Maritime) a témoigné hier de son inquiétude face à une situation d'"hyperactivité depuis cet été".

A l’hôpital d’Elbeuf, en pleine crise, 20 patients qui dorment dans les couloirs, et des médecins à bout

© CHI Elbeuf Louviers

Cet hôpital est en situation "d'hyper activité depuis cet été", a déclaré le président de la commission médicale Thibault Simon au cours de la visite de l'établissement par la députée LFI Alma Dufour.

"J'ai été alertée hier (mercredi 30 novembre) par les syndicats de l'établissement, confrontés à l'hospitalisation de patients aux urgences sur des brancards", a expliqué la députée, venue "tirer la sonnette d'alarme".

"On ne peut plus se retrouver en France dans des situations pareilles, avec des patients hospitalisés sur des brancards qui doivent utiliser le même pot de chambre, ce n'est pas possible, on parle de personnes humaines. Nous sommes en situation de crise de l'hôpital", a-t-elle ajouté, en demandant au gouvernement d'agir "beaucoup plus fort".

Thibault Simon a décrit lui "un afflux très important de patients aux urgences", assumé "au prix d'efforts très importants pour assurer la qualité et la sécurité des soins" malgré le manque de lits d'hospitalisation et "une pressurisation des équipes, un véritable épuisement des soignants".

"Nous avons été obligés d'ouvrir des lits de crise, tous nos services sont sur-remplis", a-t-il alerté, en pointant le taux d'absentéisme parmi les quelque 2 200 agents du CHI qui "a un peu augmenté, témoin d'une surcharge de nos équipes".

Ces derniers jours, une remontée des cas de Covid-19 est observée au moment où l'hôpital est déjà éprouvé par une épidémie de bronchiolite d'une ampleur sans précédent et que la grippe saisonnière se profile.

« On n’est pas serein, on a toujours peur d’une faute médicale, due à la fatigue »

La cheffe du service pédiatrie Catherine Vittecoq a abondé : "on joue aux chaises musicales", parfois des enfants reviennent à l'hôpital "parce qu'on les a renvoyés trop tôt à la maison", quand d'autres ne peuvent être transférés en réanimation, faute de place.

Les pédiatres "ont doublé les gardes le soir, ça fait six semaines que ça dure", selon elle. "On n'est pas serein, on a toujours peur d'une faute médicale, due à la fatigue", a-t-elle ajouté.

Aux urgences adultes, où passent plus de 50 000 patients par an, le chef Antoine Guedon lui aussi déchante : "Pendant la crise Covid, on s'est dit qu'il y aurait un monde d'après, finalement on revient à la situation antérieure, très critique".

Le chef des urgences a aussi déploré le "déficit structurel en lits" et un "mal profond sur l'hôpital public". "Nous sommes dépendants de décisions nationales sur lesquelles nous n'avons pas la main", a-t-il dit.

Etienne Prévost, secrétaire du syndicat Force Ouvrière du CHI, a raconté "la nuit de dimanche à lundi où vingt patients dormaient dans les couloirs en attendant un lit".

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"Les agents s'épuisent donc ils s'arrêtent, on rappelle d'autres soignants sur leurs repos donc ils s'épuisent aussi, c'est un cercle vicieux", a dénoncé le syndicaliste, qui a souligné la "grande difficulté financière" du CHI "avec un déficit annuel d'environ 9 millions d'euros".

Avec AFP

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