À l’heure du Covid-19, la filière oncologique tient la barre

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À l’inverse de nombreuses spécialités, la filière oncologique a été enjoint à continuer ses activités par les pouvoirs publics. Une donne qui a poussé ces services à se réorganiser efficacement, malgré la fuite en avant de nombreux nouveaux patients.

À l’heure du Covid-19, la filière oncologique tient la barre

 « Le nombre de patients connus qui ont été pris en charge pendant toute la période de l’année 2020 a augmenté au même rythme que les années précédente. Une hausse de 4 % a été observée », se félicite le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, ce vendredi 4 novembre. Un bilan positif qui détonne neuf mois après le début de la crise sanitaire qui a durement affecté les activités de soins pour les pathologies non-Covid.   
 
À l’inverse de nombreuses autres spécialités, la vague des déprogrammations réalisées pour répondre à la pandémie de Covid-19 ne s’est, en effet, pas abattue sur la filière oncologique. « Que ce soit lors de la première ou de la seconde vague épidémique, les pouvoirs publics nous ont demandé de ne pas déprogrammer les traitements des cancers », indique le spécialiste qui souligne quand même que certaines opérations de reconstruction ont été repoussées.  

Une réorganisation en profondeur
 
Un mot d’ordre qui a contraint les services d’oncologie à se réorganiser. Une coopération inter-hospitalière accrue a notamment été observée. « On a travaillé avec des hôpitaux qui n’étaient pas en mesure de prendre en charge de nouveaux patients en raison de l’affluence des patients Covid », atteste le spécialiste. Et quand les patients ne souhaitaient ou ne pouvaient se déplacer ? Le service à domicile était assuré. « La période précédente au confinement du printemps, il y avait quatorze hospitalisations à domicile par jour. Pendant le confinement, nous en avions 200 », précise Jean-Yves Blay.
 
Dans un communiqué de presse daté du 23 novembre 2020, l’Institut national du Cancer note tout de même un recul de 17 % de l’activité des chirurgies d’exérèse entre mars et août 2020 par rapport à l’année 2019. Une baisse qui s’explique notamment par l’adaptation du calendrier thérapeutique des patients dès lors que cela n’induisait pas de perte de chance. « Une alternative ou un changement de séquence au traitement initial ont été proposé », précise l’Inca.

Une baisse inquiétante du nombre de diagnotics
 
Mais ce recul s’explique également par une baisse inquiétante du nombre de diagnostics à imputer à la période.  « Du côté d’Unicancer qui représente tout de même 25 % des personnes atteintes de cancer en France, on a observé une baisse de 20 % des diagnostics entre avril et mai », indique Jean-Yves Blay. Une courbe qui s’explique par des renoncements aux consultations en cas de symptômes ou la peur de certains patients de se rendre dans un établissement de soins… Pour l’heure, aucun rattrapage n’a d’ailleurs été observé. « Mais où sont ces patients ? », s’interroge le professeur qui ajoute : « Nous avons eu les mêmes chiffres que d'habitude en juin/juillet ». 

Une donne qui inquiète les experts tant les conséquences d’un report de prise en charge peuvent être graves quand vient la question du cancer « Un délai d’un mois peut être significatif pour quasiment tous les cancers », rappelle le médecin. Pour tenter de limiter l’impact de cette baisse de diagnostics, des opérations de communication et de sensibilisation sont actuellement menées. Une bouteille à la mer qui, on l’espère, sera rattrapée.
 

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