Les tests RT-PCR salivaires reviennent dans la course

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Mise à jour 12/02 - Bientôt un élargissement de l’indication des tests RT-PCR salivaires ? La HAS a mené une méta-analyse pour réévaluer leur performance en comparaison à celle des tests nasopharyngés. Elle rend aujourd'hui ses résultats et étend l'utilisation de ces tests. 
 

Les tests RT-PCR salivaires reviennent dans la course

Hétérogénéité des résultats et donc prudence. Tels étaient jusqu’alors les mots qui accompagnaient l’utilisation des tests RT-PCR salivaires.
 
En septembre 2020, la Haute Autorité de Santé a fixé leur cadre d’utilisation, les indiquant limités « aux personnes symptomatiques pour lesquelles un prélèvement nasopharyngé était difficile voire impossible à réaliser », comme on peut lire dans un communiqué publié sur son site le 23 janvier 2021.
 
Jusque là donc, le test salivaire n'était pas recommandé pour les personnes qui ne présentent pas de symptômes. La raison : des données disponibles « encore trop partielles et révélant une sensibilité dégradée du test ».
 
Pourtant, cette méthode présente de nombreux avantages et notamment en termes d’acceptation du test : moins désagréable, il est plus facile à pratiquer sur les enfants ou les personnes devant effectuer un test régulièrement.

Cet élément, auquel s’ajoutent de nouvelles publications, ont poussé la HAS à réévaluer ces tests. « Pour faire le point sur leur apport, la HAS a mené sa propre méta-analyse incluant 64 essais qui regroupent 18 931 patients. Cette étude d’envergure a permis de réévaluer avec un niveau de certitude inégalé jusqu’à présent, les performances diagnostiques des tests salivaires ».

Ces nouveaux travaux ont permis de trancher sur une question : celle de la conduite à tenir en cas de divergence de résultats entre un RT-PCR nasopharyngé et un salivaire. Jusqu’ici, le premier primait sur le second. « Le groupe de travail réuni par la HAS a pu établir un nouveau consensus : la technique RT-PCR étant identique dans les deux cas, dès lors qu’un des deux tests détecte la présence du virus, on considère que la personne est infectée ». Dans la foulée, la HAS indique qu’il n’est plus nécessaire de contrôler les tests salivaires positifs.
 
Par ailleurs, la perte de sensibilité du prélèvement par la salive est établie entre 2 et 11 % par rapport à la technique au nasopharyngée, une perte « limitée » mais « significative d’un point de vue statistique », selon la HAS qui rappelle néanmoins que ce taux reste « toutefois acceptable et conforme aux exigences de performance clinique établies par la HAS ».
 
Cette analyse avait cependant mis en lumière des points qui restaient à éclaircir avant de faire évoluer l’indication de ces tests salivaires. Cet avis devait être « complété dans un second temps par un avis (...) sur les conditions de réalisation de ces tests, leurs indications et leur place dans la stratégie de prise en charge de l’infection à SARS-CoV-2 ». 

C'est désormais chose faite. « Compte tenu des résultats de la méta-analyse réalisée par la HAS et de la position du groupe d’experts réuni le 04 février 2021, la HAS est désormais favorable à la prise en charge des tests RT-PCR sur prélèvement salivaire dans deux nouvelles indications :

  • en seconde intention chez les personnes contact pour qui un prélèvement nasopharyngé n’est pas envisageable ;
  • en première intention dans le cadre de dépistages ciblés à large échelle en particulier s’ils sont répétés régulièrement : au sein d’écoles, d’universités, pour le personnel des établissements de santé, des EHPAD...», écrit la HAS sur son site

Pour anticiper la forte demande que pourrait susciter ces nouvelles indications, la HAS recommande « d'explorer la mise en oeuvre de tests poolés ». Cela consiste à analyser plusieurs échantillons différents en une fois. 

La HAS détaille également les éléments nécessaires à un bon prélèvement. Ce dernier peut être « réalisé de manière assistée ou en auto-prélèvement au laboratoire de biologie médicale, au domicile ou sur un site de dépistage. » Le prélèvement peut-être recueilli si le patient crache ou si cela lui est difficile, à l'aide d'une pipette sous la langue. « En cas d’auto-prélèvement, il est indispensable que le patient ait reçu une information claire sur les conditions de sa réalisation - et au besoin de sa conservation. Un matériel adapté doit alors être fourni sur le lieu de dépistage ou par le laboratoire de ville », précise la HAS. 

Le patient ne doit pas consommer de boisson, aliment, cigarette (tabac ou éléctronique) ni se brosser les dents ou faire un bain de bouche dans les 30 minutes qui précèdent le prélèvement. Un flacon sec et stérile, conservé à température ambiante, permet la bonne conservation de l'échantillon. Il doit ensuite être analysé dans les 24 heures. 

Quant à l'hétérogénéité constatée parmi les tests, la HAS recommande de «  que ne soient utilisés que ceux qui comportent au moins deux cibles moléculaires et ayant une sensibilité minimale de 80% sur le prélèvement salivaire.»
 
 
 
 
 
 
 

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