L'administration a provoqué le suicide du professeur Barrat selon sa veuve

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Une audience s'est tenue ce 3 décembre devant le conseil départemental de l'Ordre des médecins de Paris, pour déterminer s'il y a eu viol du secret médical au sujet du professeur Christophe Barrat, qui s'est suicidé le 3 février 2019 au centre hospitalier d'Avicenne (93). 

L'administration a provoqué le suicide du professeur Barrat selon sa veuve

Se tenait ce mardi une audience de conciliation entre la veuve du professeur Barrat et deux médecins de l’AP-HP, la doyenne de l’UFR de santé de Paris 13, le Pr Nathalie Charnaux, et le président de la commission médicale d’établissement (CME), le professeur Yves Cohen, comme le rappelait le quotidien du médecin. Pour rappel, le professeur Christophe Barrat s’était suicidé le 3 février dernier en se défenestrant de son bureau du centre hospitalier Avicenne. Joint par WUD, Maitre Romain Graëffly, avocat de la veuve du professeur Barrat, explique les raisons pour lesquelles ils ont décidé de saisir le conseil départemental de l’ordre des médecins de seine-saint-denis. « L’affaire a été déportée sur Paris le 3 septembre puis nous avons reçu accusé de réception le 23 octobre. Nous avons porté plainte uniquement pour faire constater la violation du secret médical, dans le cadre du dossier du suicide du professeur Barrat », nous informe-t-il. 

Dans la plainte déposée par le conseil de Sophie Barrat, veuve de Christophe Barrat, il est reproché à Didier Frandji, directeur des hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis, d’avoir dit, en réunion CHSCT, que le « professeur Christophe Barrat a mis fin à ses jours en raison du cancer dont il était atteint ». Puis dans un communiqué adressé à l’ensemble du personnel du groupe hospitalier, la direction  a révélé que « Le Pr Christophe Barrat, âgé de 57 ans, luttait depuis plusieurs mois contre une maladie grave, il a mis fin à ses jours hier à l’hôpital Avicenne ». 

Transgression du secret médical

La plainte précise : «Ce communiqué était co-signé par Monsieur Didier Frandji, par le Professeur Yves COHEN (le Président de la Commission médicale d'établissement locale (CMEL)), ainsi que par le Professeur Nathalie Charnaux (la Directrice de l’UFR de Paris XIII et Doyen de la Faculté Santé, médecine et biologie humaine). » Par ailleurs, décrit la plainte, un communiqué mis en ligne sur le site Internet de l’AP-HP le 6 février révèle que la publication d’information sur l’état de santé du professeur Barrat s’est faite en « plein accord avec la famille du professeur Christophe Barrat ». Le conseil de la veuve de cette dernière estime pour sa part qu'elle était en état de choc, et ne pouvait donner son accord avec discernement. Quoi qu’il en soit, « la révélation de l’état de santé du Professeur Christophe BARRAT, effectuée en public le lundi 4 février 2019, puis réitérée le mercredi 6 février, est constitutive d’une indéniable transgression du secret médical par la Direction de l’Hôpital AVICENNE de BOBIGNY », ce qui motive le dépôt de plainte. 

Instrumentalisation ? 

« La partie adverse nous a accusés d’instrumentaliser cette plainte, alors que nous étions juste là pour constater la violation du secret médical », informe Maitre Graëffly. « Ils ont tenté de jouer sur l’affect de ma cliente mais cela n’a pas marché. Pour la veuve du professeur Barrat, c’est l’administration qui a poussé son mari au suicide. » D’un strict point de vue juridique, la partie adverse a plaidé le fait que les deux médecins poursuivis n’étaient pas les médecins traitants : ils n’étaient donc pas soumis au respect du secret médical. « C’est une défense intéressante, ajoute maître Graeffly. Mais le secret médical est total et absolu. »
Le conseil de la veuve du professeur Barrat a également porté plainte devant le procureur de la République le 23 septembre dernier contre les deux médecins précités, mais aussi contre Didier Frandji, à l’époque des faits directeur des hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis.  « Cette audience de concliliation n'a pas abouti et il nous faudra attendre 2020 pour savoir ce qu’en pense le Conseil de l’Ordre de notre plainte. Mais nous pensons entamer de nouveaux recours dès le mois de février prochain, à la date anniversaire du suicide du professeur Barrat», explique Maitre Graëffly. Contacté par Wud, la direction des hôpitaux universitaires Paris Seine-Saint-Denis, tout comme la direction de l’AP-HP, n’ont pas donné suite à nos questions. 

 

Suicide Écoute :
Écoute des personnes confrontées au suicide.
Permanence d’écoute téléphonique 24h/24, 7j/7.
Tél. : 01 45 39 40 00
Site Internet : www.suicide-ecoute.fr

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