La peur d'investir

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C’est sûr, ca peut donner le vertige ! Sans préparation comptable, confondant aisément chiffre d’affaires et salaires, les jeunes médecins ont du mérite de se lancer dans le libéral.

La peur d'investir

Le libéral, c’est une entreprise médicale qui souffre de ne pas être reconnue comme telle, par fausse pudeur confraternelle, et qui du coup peut facilement donner le vertige à des esprits non préparés face aux montants des premiers investissements.

 

Dans le cas d’une installation en cabinet, seul ou entre associés, il faudra d’abord chercher un loyer pour exercer. Soumis aux mêmes tendances inflationnistes que le reste du marché immobilier, qu’il s’agisse d’un achat ou d’une location, l’investissement peut paraître conséquent. Sans anticipation, pour un jeune confrère qui n’aurait d’autre point de repère que son propre loyer personnel, la confusion sera évidemment grande et le risque de fuite naturel.

 

Cette inquiétude est bien appréhendée aujourd’hui par les directeurs de clinique. Cela explique sans doute pourquoi il est de plus en plus fréquent de trouver des formes d’assistance à l’installation libérale, comme l’explique Olivier Peliks, directeur de la clinique Guillaume-de-Varye à Saint-Doulchard (18). Elles peuvent prendre la forme de solutions clé en main au sein des établissements-mêmes, avec des propositions d’aménagement et les équipements ad’ hoc indispensables.

 

Matériel médical, bureautique, informatique, logiciel de prescription, de compta… le grand stress ! Il faut penser à tout, de la consult’ au bureau, en passant par le secrétariat, la salle d’attente, la salle d’examen… qui a déjà été préparé à ça parmi les jeunes ?

Personne. À qui la faute ? À l’université, qui s’enorgueillit pourtant de dispenser une formation professionnalisante... comme l’assurait encore récemment l’ancien doyen de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Pr Alain Baglin, martelant combien il était important de conserver notre modèle universitaire français avec quelques modifications seulement. Un manque navrant de lucidité sur la situation.

 

Pour ceux qui trouvent une solution d’association avec d’autres médecins, l’investissement n’est pas non plus négligeable. Devenir associé libéral nécessite d’acheter le plus souvent des parts du capital. À moins d’avoir de réelles économies, la logique attendue est bien celle d’un investisseur. Pour s’en rendre compte, nous avons listé des valeurs de parts de société ou de rachat de patientèle en fonction de spécialités, à titre d’exemple (voir ci-après).

 

Elles sont bien sûr très variables d’une région à une autre et en fonction du modèle économique libéral du cabinet. À noter aussi, elles sont le plus souvent calculées sur 1 année de chiffre d’affaires (CA) ou 2 années de BNC (bénéfices non commerciaux).

 

Mais, même si cela représente une somme importante, c’est le plus souvent un bon investissement. Pour un crédit de 500 000 € sur 7 ans (avec des mensualités de 6 472 €), il faut un BNC de 24 000 € par mois. Une somme, importante pour un jeune médecin, effrayante même, mais tout à fait réalisable. Encore faudrait-il le lui expliquer…

 

 

Quelques exemples de coût de parts de société libérale ou d’achat de patientèle en fonction des spécialités :

+ 40 000 € pour 50 gardes chez SOS médecins, soit 1 garde par semaine

+ 140 000 € pour une activité de psychiatre

+ 500 000 € pour une activité de radiothérapeute dans une association

+ 180 000 € pour une activité de gastroentérologue

+ 250 000 € pour une activité d’urologue

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