La peur des charges administratives

Article Article

Formulaires, dossiers, compta, budgets,… De quoi trembler de peur ou mourir d’ennui pour un médecin qui sort de 9 ans minimum de formation pure et dure, sans jamais avoir eu de préparation à ce pan entier du métier libéral.

La peur des charges administratives

Là encore, il s’agit plus d’une appréhension avant le grand saut que d’une réelle apnée dans le monde des cabinets. L’information est tout de même aisément accessible pour qui souhaite la trouver. De nombreux organismes proposent d’aider les jeunes médecins. Du simple conseil à l’installation à la livraison de solutions complètes « clé en main », les offres ne manquent pas.

La société CFML (Centre de formalités des médecins libéraux), par exemple, apporte son aide de gestion à l’installation et au cours de la vie libérale d’un médecin. Elle organise le bilan de sa « société » et assure différentes prestations d’aide au règlement des charges, à la gestion de la comptabilité…  Pascal Lamperti, directeur du CFML, précise « qu’actuellement, encore, deux tiers des médecins payent trop de cotisations au cours de leurs 5 premières années.  Mais les mentalités sont en train de changer. Il y a 15 ans, 70 % des médecins faisaient tout eux-mêmes. Ces proportions évoluent à la baisse avec, aujourd’hui, presque 50 % des médecins qui ne s’occuperaient plus du tout de la partie paperasse. »

Une génération pas si stupide que ça, alors, une génération qui sait ce qu’elle veut, c’est sûr.

 

Cette évolution peut s’expliquer par les changements de mentalité des jeunes médecins qui, face à une augmentation permanente des contraintes de gestion, préfèrent confier ces tâches à des professionnels… a contrario de leurs aînés qui ont vécu la montée progressive administrative et ont su, ou ont dû, s’adapter faute de recours. Pour certains, toutefois, comme Katia Mazalovic, jeune généraliste tout juste installée en zone dite de « désert médical », il suffit de s’adapter. « Au contraire c’est plutôt simple à condition d’avoir pris un peu de temps pour s’organiser. Je conseillerais de prendre 2 ans après l’internat pour remplacer un peu et se renseigner sur les différentes modalités d’exercice. Il y en a pour tous les goûts ! Néanmoins les démarches sont lourdes et souvent peu facilitées par les organisations officielles. Il est donc important de s’entourer de nombreux professionnels, que ce soit des collègues plus âgés qui pourront transmettre leurs astuces et conseils, mais également d’autres professionnels pour l’aspect gestion, comptabilité, prévoyance, assurance… ».

 

Bref, l’exercice n’est pas infranchissable.

Peut-être que mieux expliqué, il serait d’autant plus pratiqué.

 

On l’a vu : s’installer en libéral, c’est faire face à d’importants mouvements d’argent. Il est donc plus que prudent de prévoir les charges à venir. La moitié des médecins libéraux préfèrent réaliser leur comptabilité seul, l’autre moitié confie cette tâche à des spécialistes.

Dans tous les cas, là encore, il existe des aides pour se former. C’est ainsi que Katia Mazalovic a commencé. « Quand je me suis installée, je n’y connaissais rien. Mais j’ai pu trouver facilement une aide grâce à une formation individuelle. Elle m’a permis de me préparer et d’automatiser ma comptabilité. Pour ma part je suis passée par une AGA (association de gestion agréée) à laquelle il est de toute façon obligatoire d’adhérer en libéral. Depuis je gère ma compta toute seule, ce qui représente environ 6 heures de travail par mois ».

Pascal Lamperti, lui, précise qu’il rencontre « de plus en plus de médecins et notamment des jeunes, qui ne veulent pas s’occuper de leur comptabilité ». Il les oriente alors vers un cabinet d’experts comptables spécialisés dans le milieu médical qui assure l’intégralité de leur travail. Le cabinet libéral devient donc une entreprise libérale comme les autres. Le fort renouvellement générationnel actuel accélère ce phénomène, ce qui fait dire à Pascal Lamperti : « Aujourd’hui, s’installer en libéral est devenu remarquablement facile, voire aidé. Il ne faut pas craindre cette transition, et même, au contraire, il faut y penser encore plus. Pas seulement pour les jeunes médecins d’ailleurs, je constate un retour à l’installation pour des médecins retraités des systèmes publiques qui veulent continuer d’exercer la médecine. »

 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers