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« Le Premier ministre Sébastien Lecornu m’a proposé d’intégrer son gouvernement. J’ai refusé en conscience, les conditions n’étant pas réunies pour prendre soin de la santé des Français et des Soignants », a écrit Yannick Neuder sur ses réseaux sociaux hier.
Approché par le Premier ministre fraîchement renommé en fin de semaine dernière, le cardiologue de formation a finalement décliné un nouveau CDI Avenue Duquesne, attribué depuis à Stéphanie Rist.
« Je n'avais pas de feuille de route, je ne savais pas qui allaient être mes coéquipiers dans ce bateau. Je ne monte pas dans un bateau dont je ne connais pas le cap et dont je ne sais pas qui seront ceux qui vont ramer avec moi », a justifié aujourd'hui Yannick Neuder auprès de What’s up Doc.
« J’ai bien compris la volonté des Français de dire : "Entendez-vous et trouvez des solutions" » dans cette situation d’instabilité particulière. « Le problème c’est que cela ne peut pas se faire sur le dos de leur santé », a-t-il insisté. « Je ne voulais pas accepter un poste pour le dit d’avoir un poste ».
Le ministre démissionnaire a notamment évoqué « un flou » persistant sur plusieurs chantiers cruciaux : les « marges de manœuvre avec le Parlement » pour faire adopter le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, la situation des pharmacies au-delà du 31 décembre, ou la question des franchises médicales, toujours en suspens.
Retour dans l’hémicycle
Le cardiologue n’avait pourtant, initialement, pas caché sa volonté de rester au gouvernement. Nul doute que l’annonce, samedi, de sa maison politique (LR) de ne pas participer à l’exécutif, a pu peser dans la balance. « Si j’avais trouvé un passage, je pense que la problématique des familles politiques serait passée » au second plan, a nuancé Yannick Neuder. « D’ailleurs, je ne jette pas la pierre à ceux qui sont restés (…) tant mieux s’ils peuvent obtenir des choses ».
Yannick Neuder a également eu un mot pour les professionnels de santé, qui « n’ont pas démérité » pendant ses neuf mois d’exercice, entre la canicule cet été et la grippe l’hiver dernier, le chikungunya à La Réunion et le cyclone à Mayotte. « On a eu beaucoup de difficultés, mais notre système de santé a tenu », a-t-il dit.
Le cardiologue est aussi revenu brièvement sur son bilan, évoquant le vote de la loi infirmière, ainsi que des « avancées » sur la question des médecins à diplôme étranger (Padhue), l’abolition du numerus apertus, et la question de la quatrième année d’internat de médecine générale.
« Je pense que je serai plus utile au sein du Parlement » comme député de l’Isère, a-t-il ajouté, alors que son retour dans l’hémicycle est attendu début novembre pour l’examen du PLFSS.
Sa successeur (et consœur) Stéphanie Rist hérite d’un ministère de la Santé à nouveau indépendant, après un partage du portefeuille avec le Travail sous le gouvernement Bayrou, et le très court Lecornu 1. Une autonomie que Yannick Neuder salue : « Il y a tellement à faire sur la Santé (que) si le périmètre est trop vaste, on survole les sujets mais on ne rentre pas dans le fond », même si « cela n’empêche pas la collaboration », notamment sur le budget de la Sécu.