Internes infectés maintenus en poste : Le ministère de la Santé fait volte-face

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Le ministère de la Santé prêt à contaminer les soignants et patients ? C’est la crainte agitée par l’ISNI après la publication d’une FAQ destinée à autoriser les internes infectés et asymptomatiques à rester en poste. Une directive supprimée cahin-caha après la sortie médiatique du syndicat.

Internes infectés maintenus en poste : Le ministère de la Santé fait volte-face

Le ministère de la Santé fait une marche arrière rapide ! Le 20 novembre dernier, l’institution publiait une FAQ dans laquelle elle autorisait les internes infectés et asymptomatiques au SARS-COV-2 à rester en poste. Une directive qui n’a pas échappé à l’InterSyndicale Nationale des Internes qui a vu disparaître cette mention décriée dans la foulée de la publication de son communiqué. 

Cela faisait plusieurs jours que le syndicat était sur le qui-vive. « Avant la publication de la FAQ le jeudi, on leur avait dit de s’attendre à des conséquences graves si jamais elle était publiée en l’état », indique Gaëtan Casanova, président de l’ISNI. Le crédo défendu par le Ministère de la Santé ? « De façon exceptionnelle, un interne exerçant en ES et ESMS porteur symptomatique du SARS-COV-2 peut, comme un autre professionnel de santé, être maintenu en poste avec un renforcement des mesures de précaution et d’hygiène si l’on estime la balance bénéfice/risque sanitaire favorable », pouvait-on lire dans ce document désormais remanié. 

Une proposition « proprement inacceptable » selon le Président. 

« La balance bénéfice/risque est totalement incohérente », assure Gaëtan Casanova. Une déclaration qui fait écho aux propos tenus dans le communiqué diffusé par l’ISNI lundi dernier. « Plusieurs publications scientifiques récentes ont démontré un risque important d’infections nosocomiales à SARS-COV 2 depuis l’émission de l’avis du HCSP. Ces nouvelles connaissances doivent être prises en compte. Il paraît donc défavorable pour le patient de maintenir en poste un interne testé positif », peut-on y lire. 

Un point notamment soutenu par les recommandations émises par le Haut Conseil de la Santé Publique, le 23 mai dernier, qui rappelait qu’« un test positif conduit à une éviction de 7 jours » à l’hôpital. Mais également par le principe de réquisition des professionnels de santé.  « Dans ce cas, le travail à faire est de mobiliser des médecins dans le libérait qui sont en arrêt ou en limitation d’activité », indique Gaëtan Casanova. Et de conclure :  : « Ce qui permettrait à la fois d’être protecteur au niveau sanitaire et d’absorber les contraintes logistiques. Ce n’est pas incompatible ». 

La mention cahin-caha ce lundi 

Un salve de critiques publiques qui n’ont pas échappé au Ministère de la Santé qui a décidé d’y répondre en marche désordonnée. L’après-midi de la publication de ce communiqué rageur, la mention au centre de toutes les attentions disparaissait maladroitement « Le même document était disponible. Seulement, la mention a d’abord été surlignée en fluo, rayée et enfin supprimée. Ça nous a amusés », indique le Président de l’ISNI. 

Une victoire, certes, mais qui interroge au regard de la situation des médecins infectés et symptomatiques qui ne bénéficient pas du même privilège malgré un risque identique. Ces derniers ont, en effet, la possibilité de choisir ou non de se rendre sur leur lieu de travail malgré l’infection. « Il n’y pas de recommandations impératives quand on est infectés », atteste le Pr Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Avicienne (AP-HP). Et de poursuivre : « Je ne vois pas de contre-indication pour qu’une personne asymptotique qui respecte scrupuleusement les mesures barrières ne puisse pas continuer son activité ». 

« Les praticiens hospitaliers peuvent continuer à travailler, mais ils peuvent aussi plus facilement refuser car ils ont moins de pression de la hiérarchie », indique, de son côté, Gaëtan Casanova qui, au travers des démarches entreprises par son syndicat, a surtout souhaité protéger les internes d’une direction parfois trop véhémente. « Si on donne la possibilité de faire travailler les internes en cas d’infection, elle sera prise », assure-t-il. 

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