« Il est temps que les médecins reconnaissent les avantages dont ils ont bénéficié depuis longtemps » : Deux PU-PH plaident à leur tour pour la régulation

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Il est « logique » de demander aux jeunes médecins diplômés une « redevance » par la régulation de leur installation, au regard de la quasi-gratuité de leurs études, plaident deux professeurs émérites de médecine dans une tribune publiée aujourd’hui dans Le Monde.

 

« Il est temps que les médecins reconnaissent les avantages dont ils ont bénéficié depuis longtemps » : Deux PU-PH plaident à leur tour pour la régulation

© Midjourney x What's up Doc

« Face aux propositions pour réguler davantage le choix d’installation des praticiens, la colère du corps médical est déplacée, voire choquante », lancent les Prs Didier Payen et Jean-François Payen, anesthésistes-réanimateurs et professeurs émérites de médecine Paris et Grenoble dans une tribune publiée aujourd’hui dans Le Monde.

« Le lobby médical entre en action et trouve des relais efficaces auprès de responsables politiques qui n’ont aucun problème à les soutenir tout en se lamentant des lacunes de la couverture de soins sur leurs territoires », écrivent-ils. 

Les deux professeurs rappellent que la dizaine d’années de formation médicale en France est très largement subventionnée par l’État. « Jusqu’à l’internat, les études médicales sont quasiment gratuites », et les frais de scolarité ne dépassent pas « 1 000 euros par an » en troisième cycle. Un contraste avec le monde anglo-saxon, où l’année peut coûter entre 10 000 et 80 000 dollars, selon les pays. 

Déjà le cas dans d'autres pays... et professions

Au regard de cette prise en charge publique, les auteurs jugent normal de demander une contrepartie aux nouveaux médecins. « Ne serait-il pas logique de demander aux intéressés une redevance d’exercice au début de leur carrière au titre de l’aide financière reçue pendant leur formation médicale ? », s’interrogent-ils. 

Pour illustrer leur propos, Didier et Jean-François Payen soulignent que d’autres professions bénéficiaires d’une formation subventionnée acceptent depuis longtemps des obligations de service (militaires, policiers, hauts fonctionnaires). 

De la même manière, d’autres pays pratiquent déjà ce type de dispositif, comme au Canada où les jeunes médecins ont « l’obligation d’exercer deux ans dans les cantons du Nord ».  

« Il ne s’agit pas de rembourser l’aide perçue pendant les études, mais de demander un engagement (modeste) au regard de la qualité de la formation reçue », continuent les deux anesthésistes. 

Les auteurs s’insurgent contre ce qu’ils perçoivent comme une exception culturelle médicale : « Entendre les représentants du corps médical s’offusquer des timides propositions gouvernementales pour davantage réguler le choix du site d’installation est déplacé, voire choquant ». Ils rappellent que d’autres professions de santé, comme les pharmaciens ou les kinés, acceptent un zonage sans que cela n’ait provoqué de levée de boucliers.

Car, selon eux, le constat est alarmant : « 8 millions de Français vivent dans un désert médical ». Pourtant, la densité globale de médecins est « suffisante (340 médecins pour 100 000 habitants), mais leur répartition reste très inégale, avec des écarts de 1 à 3 selon les territoires ».

Ainsi, « il est temps que les médecins reconnaissent les avantages dont ils ont bénéficié depuis longtemps », estiment-ils. 

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Au-delà du constat, c’est un appel à la responsabilité collective que lancent les deux signataires : « Être médecin, c’est faire tout notre possible pour soigner des êtres humains, les soulager et mettre à leur profit notre expérience  ». 

« Ne gâchons pas cette occasion de nous montrer à la hauteur des attentes légitimes de nos patients », concluent-ils. 

6 commentaire(s)
Rodolphe G Médecine d'urgence 7 mai 2025 21:00

Il serait temps que vous interrogiez les médecins généralistes de terrain au lieu de tendre le micro à des PUPH parisiens qui ont fait leur carrière entourés de petites mains et qui n’ont vraiment aucune notion des difficultés de notre métier

Qu’ils arrêtent de vomir leur condescendance insupportable nous ne leur devons rien 

Luc A Rodolphe G 7 mai 2025 22:31
Freddy D Chirurgie cardiovasculaire 9 mai 2025 12:06

Ce sont deux vieux PUPH qui crachent sur la médecine libérale …c’est la sempiternelle haine des médecins fonctionnaires contre leur confrère libéraux qui s’expriment …quand on sait combien est payé un PUPH pour quelques demi-journées de consultation par mois…avec le salaire d’un PUPH ont peut financer 3 ligne de médecins hospitaliers …c’est probablement dna le secteur public qu’il faudrait aller regarder pour faire des économies !

C’est 2 puph sont sûrement deux planqués qui utilisent leur temps de soins à faire des réunions pour ne pas voir de patients …on les connaît ceux là …

Patrick S Médecine générale 10 mai 2025 14:58

Contre proposition : 

Sachant qu'un médecin libéral travaille en moyenne 50 heures par semaine VS 35 heures pour les PUPH, il existe à l'Hôpital un vivier considérable de praticiens qui pourraient montrer leur solidarité citoyenne en allant consulter 15 heures par semaine en zones déficitaires… 

Solution simple, rapide et efficace compte tenu de leurs compétences universellement reconnues !😉😂

Rodolphe G Luc A Médecine d'urgence 10 mai 2025 16:11

C’est bien ce qui me dérange 

C’est comme si vous interrogiez le directeur d’une concession automobile qui n’a qu’une vague notion de mécanique générale concernant la répartition des petits garagistes multimarques en zone rurale

Est ce vraiment utile et pertinent ?

Caroline B Médecine générale 26 mai 2025 16:22

Il faudrait peut-être refaire les calculs avant de dire que les études de médecine sont payées par l'état : 

  • Il ne me semble pas que les autres filières en faculté reviennent tellement plus cher aux étudiants et personne n'accuse les diplomés de se faire payer leurs études par le contribuable.
  • Vu le salaire horaire d'un interne l'état fait clairement des économies par rapport à un poste équivalent qui serait occupé par un médecin titulaire si les internes n'étaient pas là. 

On peut aussi ajouter que les fonctionnaires (militaires, policiers, hauts fonctionnaires...) qu'ils citent ont certes des obligations quant à leur lieu d'exercice mais aussi des avantages sociaux qu'aucune profession libérale n'offre (rien qu'en terme de congé maladie ou de congé maternité). Je ne vois pas comment on peut demander à des travailleurs de n'avoir que les côtés négatifs de chaque statut sans les avantages...

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