Grève des internes le 20 janvier : les raisons de la colère

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Plusieurs syndicats d’internes ont appelé ce lundi 20 janvier à une troisième journée d'action pour dénoncer leurs conditions de travail et défendre leur formation. Retour sur leurs revendications.

Grève des internes le 20 janvier : les raisons de la colère

« La semaine prochaine je ferai 78 h avec 2 gardes de 24h. Et le système me pousse à culpabiliser de me plaindre parce que : les patients méritent d’être soignés, si j’en fais moins ce sont les collègues qui vont trimer plus, chez d’autres spécialités c’est comme ça chaque semaine. »
 
Le témoignage d'interne en médecine générale, connu sous le pseudo de « Littherapeute » sur Twitter, explique en partie pourquoi certains syndicats d’internes (Isni, SNJMG, SIHP…) ont appelé ce lundi 20 janvier à une troisième journée d'action pour dénoncer leurs conditions de travail et défendre leur formation.
 
Réponse d’une autre interne sur Twitter : « Ici 72h avec 3 gardes de 24h. Je ne culpabilise plus, résolution 2020. Notre santé physique et psychique est aussi importante que celle des patients et elle est mise à rude épreuve chaque jour à l'hôpital, mais chut on "sauve des vies" »

« Temps de travail explosé », « 56h hebdo en moyenne », « formation bradée », « toujours moins de moyens » dans les hôpitaux, « arrêts maladies longue durée », « accidents liés à la fatigue », « mortalité liée au travail « trop élevée »… Contactée par WUD, l’Isni n’a pas donné suite à notre demande, mais le syndicat liste sur son site internet les raisons principales de son mécontentement et de son appel à faire grève.
 
L’Isni revient également sur l’annonce d’Agnès Buzyn qui a annoncé travailler sur la rémunération des demi-gardes. Pour le syndicat, « faire des demi-gardes, c’est-à-dire travailler le soir de 18 h à minuit, n’est pas une solution pour éviter les dérives sur le temps de travail ». C’est même le contraire d'une solution car il s’agit de  « rentrer chez soi à une heure sans transport en commun, après la fatigue d’une journée de 16h, avec un repos de garde de moins en moins respecté. »
 
Le syndicat exige donc un décompte horaire du temps de travail, « le seul moyen de connaitre les dérives dans les services » car « aucune direction d’hôpital ne connait le temps horaire exact de ses internes ».

Par ailleurs, le décompte en demi-journées ne permet pas de lutter contre les dérives, considère l’Isni car « la demi-journée d’un interne de chirurgie le matin peut commencer à 5h, celle du soir finir à 22h. » Et d’ajouter que « les repos de sécurité après une garde sont moins respectés qu’en 2012. On « enchaine » après une garde et impossible de le déclarer dans les cases que l’administration nous fait remplir. »
 
Du côté du SNJMG, on a confectionné une vidéo diffusée sur Twitter pour expliquer les raisons de cet appel à la grève. Tout d’abord, trop souvent, la législation sur le temps de trvail n'est pas respectée, estime le syndicat qui rappelle que les internes dépassent régulièrement la limite légale des 48 heures par semaine (audit AP-HP 2019).

Deuxième motif de colère pour le syndicat : le repos de sécurité n’est pas toujours respecté alors qu’il avait été obtenu à la suite d’une grève en 1998. Sauf qu’en 2019, toujours selon le même audit de l’AP-HP, « 40 % des internes signalent des non respects du repos de sécurité, comme des réunions ou des cours », rappelle le SNJMG.
 
Troisième raison du mécontentement du syndicat : les comportements abusifs dont les internes et les étudiants sont témoins et/ou victimes : sexisme, harcèlement, abus…
 
Enfin, les internes sont « trop souvent exposés à l’industrie pharmaceutique, à l’hôpital comme dans les cabinets de médecine générale ». Tandis que, pour les choix de stages, les internes en médecine générale assistent à une multiplication des bugs et des mauvaises gestions de postes.
 
Quant au Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), il appelait aujourd’hui à faire grève pour les raisons suivantes :
 
- conserver les règles d'obtention des licences de remplacement tel qu'actuellement ;
- la création d'un fond de formation ;
- un investissement conséquent dans l'hôpital public ;
- refus du big matching en l'état actuel des discussions ;
- prise en compte et respect du temps de travail réel des internes.
 
 

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