« François Braun vient d’être nommé... J’attends de le voir à l’œuvre, mais un urgentiste saura être l’interface entre les médecins de ville et l’hôpital »

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Élise Fraih, médecin généraliste installée en association à dachstein, est la nouvelle présidente de Réagjir. Elle dévoile son parcours, son avis sur l’état des soins aujourd’hui et les futurs combats de Reagjir !

« François Braun vient d’être nommé... J’attends de le voir à l’œuvre, mais un urgentiste saura être l’interface entre les médecins de ville et l’hôpital »

What's up doc : Comment faites-vous pour concilier vie professionnelle, vie personnelle et exercice libéral ?

Élise Fraih : Ce n’est pas facile à concilier. Dans mon cabinet nous travaillons en association, si jamais nous devons nous libérer à la dernière minute, l’une ou l’autre peut prendre le relais. Sans oublier notre aide principale : nos internes. Nous en avons une qui fait deux jours chez nous et une autre qui est au cabinet et peut prendre des urgences pendant que nous sommes en consultation. Nous arrivons à concentrer une forte activité sur quatre jours. Quand j’étais chef de clinique je dédiais le jeudi matin à la faculté et le vendredi au syndicat, c’était compliqué. À présent je suis maître de stage j’essaie de dédier le vendredi au syndicat. Il y a toujours beaucoup de travail le week-end mais c’est un vrai travail d’équipe.

D’où vous est venu votre engagement syndical ?

E F : Il est apparu après l’internat. J’ai toujours apprécié le travail que faisait l’ISNAR-IMG. Après mon internat en Bretagne, je suis revenue dans ma région d’origine. J’avais besoin d’un réseau, d’échanger, d’avoir des conseils sur l’activité libérale, car c’est une grosse découverte au début. Je me suis donc tournée vers le syndicat alsacien AGJIR pour avoir des informations, trouver des remplacements, savoir ce qui se faisait dans la région. Au bout d’un moment j’ai demandé si je pouvais les aider car je trouvais cela chouette, ce qu’il faisait pour nous. Le Président m’a tout de suite incluse dans les réunions et le conseil d’administration. Ce sont des gens géniaux, il y a un compagnonnage.

Que pensez-vous de votre prédécesseure Agathe Lechevalier ?

E F : C’est quelqu’un d’extraordinaire qui a fait un travail fantastique au sein du bureau et qui y est toujours d’ailleurs. Elle, justement, a su concilier vie professionnelle, vie de famille et nouvelle installation. Elle a fait aboutir le travail de Laure Domingon, une de ses prédécesseures pour que les remplaçants obtiennent le DIPA (Dispositif d’Indemnisation de Perte d’Activité). Elle a porté le projet pendant une année de façon tout à fait adapté. Et à présent, elle assure la totale continuité depuis la fin sa présidence

Comment les médecins généralistes envisagent d’aider l’hôpital en termes de soins de premier recours ?

E F : Nous les aidons déjà. On fait beaucoup de choses qui ne sont pas forcément visibles dans les médias. Mais sur 1 000 personnes qui vont ressentir un symptôme, 250 vont nous consulter. Alors ce ne sont pas des consultations urgentes ou vitales. Nous coordonnons tous les soins. Le nombre de fois où l’on va vérifier, réexpliquer derrière les confrères… C’est un énorme travail de coordination. Beaucoup d’entre nous s’organisent pour avoir des plages de soins urgents, non programmés, pour que nos patients puissent être reçus quand ils en ressentent le besoin. Il faudrait réfléchir pour voir comment cette organisation pourrait être augmentée.

Comment envisagez-vous de le faire ?

E F : En continuant à dialoguer avec toutes les instances et les syndicats pour bien cerner toutes les solutions possibles et apporter notre expertise de terrain. C’est déjà ce que l’on fait, nous nous sommes réunis avec plusieurs syndicats pour réfléchir en fonction des territoires. Les besoins ne sont pas les mêmes selon les régions. C’est très important pour nous de les cartographier, d’interroger les élus. Réfléchir à quel patient aura besoin de quoi et à quel moment. En écoutant ce que chacun a à faire remonter, on peut arriver à des solutions intelligentes.

Vous êtes pour ou contre des gardes à l’hôpital en plus de votre activité ?

E F : Je ne suis ni pour ni contre. Il n’y a pas que les gardes à l’hôpital et le « on ne fait rien ». Il a aussi depuis bien longtemps la permanence des soins. Énormément de médecins le font déjà. Certains médecins libéraux choisissent d’exercer la nuit, et il y a aussi beaucoup de secteurs ruraux, dont le mien, où les médecins du territoire s’organisent pour faire des PDSA (Permanence des soins ambulatoires). S’il y a une nécessité cela doit se faire en concertation avec tous les professionnels de santé. Cela ne sera peut-être pas pertinent de le faire à l’hôpital. Cela sera peut-être mieux de le faire en cabinet ou bien que l’on réfléchisse à d’autres solutions. Je n’ai pas de position clivante là-dessus.

Que pensez-vous des 41 mesures de Braun pour les soins non programmés ?

E F : Je pense qu’il a eu le mérite de clarifier ce qu’il pense de la situation. C’est un président du syndicat des urgentistes donc forcément ces mesures-là sont rédigées par quelqu’un qui sait ce qu’il se passe du côté des urgences hospitalière. De plus, il dit bien qu’il faut faire collaborer la ville et l’hôpital. Je pense que c’est une bonne chose d’articuler les deux. Mais il faut que l’on comprenne qui va aux urgences, pourquoi, comment on répond à cela. Maintenant il faut passer à l’étape supérieure.

Que pensez-vous, de lui en tant que nouveau ministre de la santé ?

E F : Je ne peux pas avoir d’avis car il est tout juste nommé, je ne l’ai pas vu à l’œuvre. C’est bien que ce soit un confrère. Il est syndicaliste donc est informé sur ce qui se passe dans toute la France. Un urgentiste saura être l’interface entre les médecins de ville et l’hôpital. J’espère qu’il saura articuler sa vision avec ceux des soins de premier recours qui ne sont pas de l’urgence vitale.

Quelles seront vos demandes en tant que syndicat ?

E F : On a une demande forte : promouvoir les solutions que nous avons rédigées en collaboration avec ISNAR-IMG et l’ANEMF afin de proposer un document alternatif à la coercition des médecins généralistes. Ce n’est pas une solution car c’est une réponse rapide qui ne prend pas en compte les besoins du territoire ni des professionnels de santé.

Un autre enjeu majeur est de promouvoir la santé planétaire. Réfléchir à toutes ces crises planétaires qui sont colossales mais aussi intégrer la planète et l’environnement dans cette réflexion et réfléchir à la médecine de demain en prenant ce paramètre en compte.

 

 

 

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