En Bretagne le 15 sonne dans le vide, depuis une semaine les médecins généralistes ont cessé de participer à la régulation

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Depuis le 24 janvier 2025, plusieurs médecins généralistes bretons ont décidé de ne plus assurer la régulation médicale des appels au 15 pour les demandes de soins non urgents. En pleine épidémie de grippe et alors que le SAMU fait face à une surcharge d’appels, ils dénoncent des conditions de travail dégradées et un manque de reconnaissance de leur rôle dans le dispositif.

En Bretagne le 15 sonne dans le vide, depuis une semaine les médecins généralistes ont cessé de participer à la régulation

© Midjourney x What's up Doc

Un « arrêt de volontariat » face à une surcharge de travail

En Ille-et-Vilaine, 47 médecins généralistes régulateurs ont mis en place un « arrêt de volontariat », cessant ainsi de répondre aux appels du Service d’accès aux soins (SAS). Depuis 2020, ces praticiens participent, aux côtés des urgentistes hospitaliers, à la régulation médicale pour les soins non programmés.

Cette décision intervient alors que le SAMU de Rennes est submergé d’appels, en raison de l’épidémie de grippe et de la période de régulation des urgences. « En semaine, on peut monter jusqu'à 1 600 appels, et le week-end, on arrive très facilement à plus de 2 200 appels par jour. C'est énorme comparé à ce qu'on avait il y a quelques années », explique Bleuenn Laot, directrice administrative de l'Adops 35 à France Bleu.

Les médecins généralistes dénoncent une surcharge de travail et des délais d’attente « pouvant atteindre dix heures » pour obtenir un avis médical. Ils décrivent un « rythme effréné » de régulation et une « explosion des événements indésirables graves associés aux soins (EIG) ».

Des délais qui mettent en danger les patients

Un nombre d'appels en forte hausse signifie des temps d’attente allongés. « Il y a parfois plusieurs heures entre le moment où la personne appelle et le moment où un médecin peut rappeler pour prendre la suite du dossier et décider de ce qu'il faut faire : un conseil médical, envoyer vers une maison médicale de garde ou vers les urgences », précise Bleuenn Laot.

Ce délai d’attente représente un risque pour les patients, mais aussi pour les médecins. « Malgré une volonté de bien écouter et de bien réguler, le risque c'est de faire une erreur, de mettre en danger des patients, explique Philippe Lemoine, ancien médecin généraliste. Et ça, c'est vraiment pour nous une charge mentale énorme » (France Bleu).

Le SAMU, déjà sous tension, doit faire face à une autre difficulté : le manque de médecins régulateurs, notamment pour les créneaux de nuit. « La situation devient tellement compliquée et difficile qu'on a de plus en plus de mal à recruter des médecins, notamment pour faire la nuit profonde entre minuit et 8 heures du matin », regrette Philippe Lemoine.

Un manque d’écoute de l’ARS et des tensions avec les patients

Les généralistes dénoncent également un manque de dialogue avec l’ARS, qui pilote le dispositif. De son côté, l’ARS affirme que « les soins urgents et vitaux restent régulés et assurés par la médecine hospitalière », sans toutefois répondre aux revendications des médecins libéraux régulateurs.

À cette charge de travail s’ajoute une détérioration de la relation avec les patients. « On remarque que ça s'accompagne d'un agacement et d'une certaine agressivité de certaines personnes », explique Luc Baudelot, cadre de santé au SAMU. Des tensions qui ont parfois conduit à des plaintes déposées par le SAMU (France Bleu).

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/le-15-est-devenu-un-service-comme-les-autres-comme-la-poste-comme-mac-do

Un avenir incertain pour la régulation médicale

Si les urgences vitales restent assurées par les médecins hospitaliers, ce mouvement de retrait des généralistes risque de compliquer encore davantage l’accès aux soins pour les patients ayant besoin d’un simple conseil médical. « Le week-end dernier, les patients nécessitant des conseils n’ont pas pu être rappelés », déplore Jérémie Bonenfant, praticien hospitalier et chef de service adjoint au Samu 35.

 

Source:

Ouest-France, Ici
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