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Utilisé par plus de 7 000 membres avant sa fermeture, ce site proposait aux receveuses de recourir à des dons artisanaux, sans aucun contrôle, examen ni vérification d'âge, afin de pallier les délais ou difficultés d'accès au circuit officiel.
Les dons étaient effectués dans des conditions sanitaires aléatoires, dans des chambres d'hôtel de plusieurs villes dont Lille, Nantes ou Compiègne. Le donneur remplissait une fiole non stérile de sperme, qui était ensuite injecté par la receveuse à l'aide d'une seringue, ou bien ils avaient un rapport sexuel.
Le prévenu était jugé pour entremise en vue de l'obtention de gamète contre paiement, mise en danger d'autrui et complicité d'insémination artificielle entre 2019 et 2025.
Un don de sperme générait en moyenne 40 euros de revenus, selon les enquêteurs.
Les donneurs pouvaient demander une compensation financière pour les frais de déplacement.
Vulnérabilité et risques sanitaires
Selon l'enquête, le prévenu, un technicien supérieur âgé de 40 ans, a lui-même effectué entre 10 et 15 dons naturels, avec un rapport sexuel, et 7 dons par injection artisanale, qui ont mené à la naissance de trois filles.
Décrit comme quelqu'un de très isolé, introverti et dépressif, l'homme a expliqué pendant l'audience éprouver un sentiment de satisfaction à être « père » et à se « sentir utile en donnant la vie ».
Il a déclaré être opposé à l'anonymat des dons de sperme, tout en reconnaissant que les conditions d'insémination n'étaient « pas irréprochables ».
La présidente l'a accusé « d'abuser de la vulnérabilité de personnes désespérées » et de « court-circuiter la loi ». Elle a insisté sur les risques d'abus sexuels, de prolifération de maladies et de consanguinité.
Aucun utilisateur du site n'a été entendu pendant l'enquête.
Fin 2024, près de 10 600 femmes étaient en attente d'un don de spermatozoïdes pour une procréation médicalement assistée (PMA) en France, selon l'Agence de la biomédecine.
Depuis septembre 2022, en vertu de la loi de bioéthique, chaque nouveau donneur de gamètes (spermatozoïde ou ovocyte) doit consentir à la divulgation future de données comme leur âge, motivations, caractéristiques physiques.
Les donneurs doivent passer des tests physiques et psychologiques et plusieurs analyses doivent être menées, notamment pour éviter la consanguinité et la transmission de maladies génétiques.
Avec AFP