Désert médical : dans la Vienne, Cécile Richard mène une opération séduction

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Seule médecin de son canton, le Dr Cécile Richard n’hésite pas à se transformer en guide touristique dans l’espoir de donner envie à des médecins de s’installer dans cette zone rurale qu’elle estime pleine d’atouts. Entretien.

Désert médical : dans la Vienne, Cécile Richard mène une opération séduction

Son week-end opération séduction n’a pas mobilisé les foules. Cécile Richard, médecin généraliste dans la Vienne, installée dans la commune des Trois-Moutiers exerce seule dans son canton. Les 13 et 14 novembre, elle avait organisé un week-end de découverte pour dévoiler les atouts d’un exercice dans cette zone rurale. Elle attendait 15 personnes et c’est finalement une seule interne qui est venue.

Elle ne se décourage pas pour autant. « J’étais un peu déçue au début mais finalement ça a été un franc succès par la rencontre avec l’interne. Mais l’événement a eu un manque de visibilité, c’était compliqué de communiquer. Monsieur Batty, le maire de Saint-Léger me soutient. On va faire des week-ends intimistes, les gens vont entendre parler a posteriori et s’ils appellent, on pourra organiser le même type de week-end. On est déjà en train de mettre en place le prochain pour le début du mois de décembre », ajoute Cécile Richard.  Au programme, visite de la maison médicale, de la maison de retraite à côté, mais aussi des moments de détente et un tour de la région en la présentant sous son meilleur jour. Pour inciter les médecins à venir s’installer dans ce coin, elle ne manque pas d’arguments : « une patientèle bienveillante et reconnaissante, un accès démultiplié avec plusieurs CHU à proximité pour avoir des avis de spécialistes et une maison médicale qui s’agrandit beaucoup ». Il ne manque plus que des médecins !   

Pour elle, cet exercice a toujours fait sens. « J’ai fait toutes mes études à l’université de Poitiers puis mon internat et stage de niveau 1 au cabinet des Trois-Moutiers. J’avais décidé de m’installer dans une zone rurale dès la première année. J’ai vu qu’il manquait des médecins, ça m’a poussée à m’établir ici. Et la diversité de la médecine générale me plait énormément », explique Cécile Richard.

Malgré une vocation qui l’a guidée depuis les bancs de la fac jusqu’à son cabinet aux Trois-Moutiers, Cécile Richard est fatiguée. Être seule sur le front demande beaucoup de temps et d’implication. « Je passe beaucoup de temps au cabinet et donc peu en famille. J’essaie de toujours garder la qualité de la consultation, je ne le vivrais pas bien si ce n’était pas le cas. Mais pour les patients, c’est dramatique, je ne peux pas répondre à toutes les demandes. Parfois je dis non, avec difficultés, à des urgences qui nécessitent que je sois là mais je ne peux pas. J’essaie d’avoir des créneaux d’urgence tous les jours mais je ne peux pas toujours voir tout le monde. Or, j’ai des patients qui attendent que je sois disponible, et par exemple une simple cystite se transforme en pyélonéphrite, la prise en charge devient plus complexe et plus longue lorsque l’on ne peut pas consulter à temps », déplore Cécile Richard. Dans un monde idéal, elle estime qu’il faudrait une équipe de 5 médecins dont 3 temps-plein pour fonctionner correctement.  

Et pour les personnes un peu réticentes, un seul conseil : « Il faut venir essayer ! », rétorque-t-elle dans un rire. « Ici il y a plein de choses à faire, c’est une page vierge, tous les projets peuvent être entendus et mis en place, on est soutenu. Il y a aussi une aide financière à l’installation qui n’est pas négligeable, tout comme l’exonération d’impôts pendant 5 ans lorsque l’on s’installe dans une zone de revitalisation rurale ».

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