Crise Covid : les cliniques privées, un renfort à ne pas négliger

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Main dans la main. C’est le message passé par la Fédération de l’hospitalisation privée, qui veut que public et privé forment un front uni dans une situation sanitaire qui a besoin de toutes les forces mobilisées. Entretien avec le président de la FHP, Lamine Gharbi.

Crise Covid : les cliniques privées, un renfort à ne pas négliger

Manque de lits, reports et déprogrammations de soins ne sont que quelques exemples des tourments qu’a entraînés la tempête Covid dans son sillage. Et la question du partage des tâches entre public et privé s’est naturellement posée. « Le rôle du secteur privé est essentiel dans le système de santé français et par conséquent dans la lutte contre l’épidémie. L’hospitalisation privée, c’est 1030 hôpitaux privés et cliniques répartis sur le territoire, soit près de 40000 lits de chirurgie et 18000 lits de médecine.  Nous disposons également de 3000 lits de soins continus et de près de 2000 lits de réanimation », explique Lamine Gharbi, président de la FHP.

Un secteur fortement mobilisé dans son ensemble pour faire face à la crise et une action qui se veut complémentaire de celle de l’hôpital. Le secteur privé affirme d’ailleurs être prêt à booster ses capacités d’accueil, en cas de nouvelle vague. « S’il devait malheureusement y avoir une nouvelle accélération de l'épidémie, nous pourrions upgrader nos services de réanimation afin de disposer d’un plus grand nombre de lits. Nous pourrions ainsi doubler notre capacité pour monter à 4000 lits de réanimation. En Ile-de-France, par exemple, le privé pourrait prendre en charge jusqu’à 30% des patients hospitalisés en réanimation comme nous l’avions fait pendant la première vague. Lors du pic, nous avions accueilli 27% des réanimations. Aujourd’hui, nous en sommes à 17% en Ile-de-France et dans les Hauts de France, et 20 % en PACA », poursuit Lamine Gharbi.

Une coopération en progrès

Mais la gestion de la crise n'est pas qu'une question de places en services de réanimation. « On parle beaucoup de réanimation et c’est effectivement un aspect important mais il n’y a pas que (cela). Nous continuons à prendre en charge les patients en médecine, en soins de suite ou en chirurgie non covid. C’est notre mission et encore plus précieux dans la période que nous vivons », rappelle le président de la FHP. 

La crise Covid aurait-elle contribuer à raviver la flamme au sein du couple public-privé ? « La coopération (...) a fait de grands progrès depuis le début de la crise sanitaire. Elle est désormais un acquis majeur, fonctionnant de manière fluide même s’il subsiste encore ici ou là quelques difficultés. Dans ces cas-là, il faut une bonne volonté de tout le monde pour dépasser les résistances, sous l'égide des ARS dont la régulation doit être impartiale».

Une collaboration orchestrées par les ARS 

Quelques accrocs donc mais qui ne doivent pas faire perdre de vue le point clé de ce fonctionnement à plein régime depuis maintenant un an : les soignants. « D’une manière générale, dans le public comme dans le privé, l’engagement des professionnels de santé est extraordinaire alors qu’ils sont sollicités sans relâche dans des conditions extrêmement difficiles. Cet engagement est salué par les Français comme en témoigne le sondage que vient de publier le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Science Po) puisque ce sont les professionnels de santé, suivis par les établissements de santé, qui bénéficient parmi toutes les institutions du pays du plus haut niveau de confiance. »

Quid des reports de soin ?

« Nous sommes très vigilants pour éviter au maximum les retards de soin. Pour cela, nous sommes passés à une gestion territorialisée de l’épidémie. Alors que durant la première vague, nous étions à 100% de déprogrammation, nous faisons désormais de la déprogrammation localisée en nous adaptant aux spécificités de chaque territoire. Cette déprogrammation est négligeable, et même nulle dans un certain nombre de départements, mais peut atteindre 80% dans les établissements privés de la Moselle. Cette stratégie implique une forte réactivité. Dans le privé, nous avons la capacité de déprogrammer en 24 heures pour réaffecter les lits et libérer du temps soignant pour les patients Covid. »

Et pour que tout se passe au mieux, les ARS sont les cheffes d'orchestre.« C’est (leur) rôle de veiller à la synergie et de coordonner la lutte contre l’épidémie. Elles recensent les moyens humains et matériels de leur territoire et accompagnent les établissements dans la gestion de l’afflux des patients en fonction des lits disponibles. Dans le même temps, les établissements publics et privés communiquent entre eux et, quand l’urgence le commande, se répartissent les prises en charge selon leurs ressources. »

Et le financement ? « Depuis le début de l’épidémie, notre démarche n’est pas économique mais d’aide et de soutien aux hôpitaux publics. La question de la lucrativité supposée de certains actes ne rentre pas en ligne de compte puisque nous bénéficions, comme l’hôpital public, d’une garantie de financement par le gouvernement. Ce mécanisme a été mis en place en mars 2020 et a été prolongé jusqu’au 30 juin 2021. Les surcoûts et le manque à gagner liés à l'épidémie sont compensés. Cela assure le financement de nos établissements et permet leur fonctionnement ».

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