Covid-19 : La maladie mentale comme facteur de risque

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Warning !  D’après une méta-analyse, les patients souffrant de troubles mentaux et prenant des antipsychotiques ou des anxiolytiques sont moins bien armés contre le Covid.

Covid-19 : La maladie mentale comme facteur de risque

Ça vient de tomber. Selon une méta-analyse publiée dans The Lancet Psychiatry, les troubles mentaux préexistants sont associés a un risque accru de décès à la suite d’une infection à la Covid-19. « Nous avons trouvé des preuves cohérentes que les patients souffrant de troubles psychotiques et de l'humeur, et ceux qui prennent des antipsychotiques ou des anxiolytiques, représentent des sous-groupes sensibles », écrivent les scientifiques.

Une conclusion inquiétante qui survient après avoir analysé les résultats de 23 études. « Nous avons exclu les études avec des échantillons qui se chevauchent, les études qui n'ont pas été évaluées par des pairs et les études écrites dans des langues autres que l'anglais, le danois, le néerlandais, le français, l'allemand, l'italien et le portugais », poursuivent-ils. En tout, les données 1 469 731 de personnes atteintes de la Covid-19, dont 43 938 souffrant de troubles mentaux, ont été analysées.

Ce travail d’ampleur a permis de mettre en exergue un enseignement important. « La présence de tout trouble mental était associée à un risque accru de mortalité par COVID-19 », écrivent les chercheurs. Et d’indiquer que cette association a également été observée pour les troubles psychotiques, les troubles de l’humeur, les addictions aux substances, les déficiences intellectuelles et les troubles du développement. « La mortalité liée au COVID-19 était associée à l'exposition aux antipsychotiques, aux anxiolytiques, et les antidépresseurs », poursuivent les auteurs.

Pour expliquer ces observations, les chercheurs avancent plusieurs hypothèses. Les facteurs probables retenus sont :

  • la présence « des processus biologiques, tels que des altérations immuno-inflammatoires […], liées aux pathologies psychiatriques » ;
  • la présence de facteurs sociaux qui leur sont propres, comme la sédentarité, l’isolement social, la consommation élevée d'alcool et de tabac ainsi que les troubles du sommeil ;
  • un accès réduit aux soins ;
  • la prévalence plus élevée de comorbidités somatiques. « Par exemple, diabète, maladies cardiovasculaires et maladies respiratoires », énumèrent les chercheurs.

À noter qu’ils soupçonnent également les antipsychotiques de « précipiter le risque cardiovasculaire et thromboembolique, interférer avec une réponse immunitaire adéquate et provoquer des interactions pharmacocinétiques et pharmacodynamiques avec les médicaments utilisés pour traiter le Covid-19. »

Cette fragilité importante ne se retrouve pourtant pas dans les chiffres des établissements de santé. « Aucune association significative avec la mortalité n'a été identifiée pour l'admission en soins intensifs », notent, pour exemple, les chercheurs. Et la Dr Livia De Picker, principale auteure de l’étude, de s’alarmer dans un communiqué de presse : « Nos données révèlent un contraste frappant chez les patients atteints de maladie mentale grave et de troubles psychotiques : alors qu'ils sont touchés par le risque de mortalité le plus élevé, ils ne sont pas plus hospitalisés. »

Pour l’heure pourtant, les auteurs soulignent que des études complémentaires sont nécessaires. Leurs objectifs potentiels ? Pouvoir prédire avec plus de précision les personnes à risque de forme grave. En attendant, une seule solution : la vaccination de ces publics à risque. D’autant plus que ces personnes n’ont pas toujours conscience d’en faire partie.

Source:

The Lancet Psychiatry - Troubles mentaux et risque de mortalité, d'hospitalisation et d'admission en unité de soins intensifs liés au COVID-19 : une revue systématique et une méta-analyse

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