Code rouge : mission survie des soins et des soignants

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La pénurie médicale, mais aussi paramédicale, se répand. Le système est sous tension ; la pandémie n’a fait qu’accélérer les choses. Il n’y a pas de réponses politiques fortes et systémiques. Que fait-on ?

Code rouge : mission survie des soins et des soignants

Il ne s’agit pas tout à fait de vous livrer un plan d’action détaillé et de vous demander de vous y coller ! Non. Juste de dépasser le constat et de partager des idées, des sujets à investir, tout particulièrement pour limiter la catastrophe sanitaire.

Avant de dépasser le constat, quelques lignes sur celui-ci (et une vidéo très édifiante avec le vécu de 3 médecins). Nous invitons nos dirigeants et les professionnels de santé qui n’en auraient pas encore pris la mesure, à lire les premières pages de notre Gros dossier Doc-Lanta. Car nous avons maintenant besoin que la situation soit reconnue à sa juste mesure. Non il ne s’agit pas de reprendre des activités perturbées par la pandémie, non il ne s’agit pas de sauver l’hôpital public, non il ne s’agit pas de trouver une solution pour la permanence de soins cet été, non Non NON !

De façon certes hétérogène, l’ensemble du système de santé est concerné : public/privé, permanence des soins/suivi médical généraliste et autres spécialités, éducation en santé, médicalisation du médicosocial (EHPAD, foyers d’accueil médicalisés, etc.)…

Nous appelons vivement nos politiques à le dire, à l’expliquer publiquement, avec deux bénéfices à cela :

- Les professionnels de santé ne seront plus pris dans l’injonction contradictoire de fournir les soins attendus alors que la réalité ne leur permet pas de le faire, ce qui les soulagera d’un des facteurs favorisant le burn-out.

- La population saura qu’il ne s’agit pas d’exiger des soins tels que recommandés mais d’obtenir ce qu’il est possible de faire au mieux et que, dans l’idéal, il leur faudra anticiper tout ce qui peut l’être pour leurs besoins de santé.

Donc on oublie notre éphémère ministre de la Santé et des Solidarités, Brigitte Bourguignon, qui affirma encore en ce mois de juin 2022 au congrès Urgences : « Non, je vous le dis, je n'accepterai pas que l'on fasse croire aux Français que partout, le système s’effondre. », sans autre commentaire…

Maintenant on en a pris pour 5 à 10 ans de difficultés, sans encore savoir dans quel état le système de santé en ressortira

Et maintenant ? Maintenant on en a pris pour 5 à 10 ans de difficultés, sans encore savoir dans quel état le système de santé en ressortira, ni dans quel état de santé sera la population française alors.

En dehors des questions d’accès à une prise en charge en situation d’urgence vitale, seul point à faire l’objet de propositions et débats ces dernières semaines, il y a tout le reste à considérer. Ce serait une erreur de penser que l’urgence ce ne serait que celle des urgences. Il faut bien sûr qu’une personne faisant un AVC ischémique puisse être thrombolysée dans les délais requis. Mais si on ne va pas plus loin, on laissera les situations cliniques, somatiques ou psychiatriques arriver de façon trop conséquente au stade de l’urgence, avec moins de permanences et moins de lits : pas bon…

C’est pourquoi on propose 4 axes de travail qui nous paraissent essentiels pour optimiser les soins et l’activité des professionnels dans une situation carencée :

Tout d’abord, considérons la répartition des tâches entre professionnels de santé. La situation est l’occasion de redéfinir les périmètres d’actes techniques, des soins aux prescriptions pour les différentes professions médicales et paramédicales. Pour autant, l’ensemble des professions étant concerné par des problèmes de recrutement et de renouvellement, cette question a ses limites. De là, il serait dommage de ne pas s’attarder sur l’évolution des métiers, qui peut permettre une valorisation de l’exercice du soin et remobiliser d’anciens ou nouveaux professionnels !

Des pistes : répartition des tâches, prévention, solutions numériques, adaptation

Ensuite, le meilleur moyen de limiter les besoins en santé, puisque l’offre baisse, est de mettre le paquet sur la prévention. Cela paraît évident ? tant mieux ! Car pas sûr que, face à la pression de la réponse aux symptômes et urgences des malades, on n'oublie pas de s’occuper de la santé publique… De plus, cette thématique est probablement de celles qui permettraient de limiter les inégalités sociales de santé et d’accès aux soins pour les plus défavorisés.

Puis le développement de solutions numériques facilitant la coordination des soins, le suivi des pathologies chroniques, l’accès à des professionnels de santé à distance, la réduction des temps administratifs et j’en passe, sera des plus précieux. Il n’en reste pas moins que la sécurité des données et l’éthique à observer les concernant se devront de rester exemplaires.

Enfin, enfin, puisque la réalité ne permet plus de s’approcher du médecin idéal capable de suivre les recommandations des sociétés savantes et des autorités de santé, la question se pose d’adapter ces recommandations aux moyens réels, au moins temporairement, pour aider les professionnels en charge de l’organisation de soins et de leur dispensation à hiérarchiser les actions à mener et les ressources à déployer.

Tout n’y est pas, c’est certain. Mais ces invitations à agir ont au moins le mérite d’exister et de faire la lumière, au-delà des débats, sur la situation exacte de la pénurie aussi bien que des urgences à gérer.

Ministère, si tu nous lis…

 

 

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