Cancer et environnement : vers une meilleure connaissance des liens

Article Article

Lundi 14 juin, le centre Léon Bérard est revenu lors d’une conférence de presse sur les connaissances actuelles des liens entre les facteurs environnementaux et le développement de cancers.

Cancer et environnement : vers une meilleure connaissance des liens

Aujourd’hui, on estime que 40% des cancers peuvent être attribués aux principaux facteurs de risque connus : le tabac, l’alcool, l’alimentation, le surpoids mais également l’environnement (UV, cabines de bronzage ou encore radiations ionisantes).

L’impact de certains facteurs commence également à se dessiner, comme celui de la pollution de l’air. « Mais il y a un manque de données au niveau de l’exposition de la population générale ainsi que des risques. En parallèle, il y a probablement une sous-estimation de l'impact, notamment chez les professionnels exposés », entame Pr Béatrice Fervers, cancérologue et coordinatrice du département de Cancérologie médicale au centre Léon Bérard.

« Les travaux depuis 10 ans s’intéressent à une recherche interdisciplinaire avec une étude épidémiologique, une méthode géographique et moléculaire. Mais un second axe s’intéresse à la recherche interventionnelle pour intervenir sur les facteurs que l’on connait, réduire l’exposition », poursuit Béatrice Fervers.

Le centre travaille également sur l’exposome. « C’est un concept récent qui comprend l’ensemble des expositions d’un individu tout au long de sa vie : des facteurs personnels, généraux, internes. La notion d’exposome fournit un cadre interdisciplinaire permettant de réunir différentes approches, spatiales, épidémiologiques, biologiques ».

« L’impact de la pollution de l’air sur la santé et le risque de cancer est beaucoup au cœur de l’actualité mais c’est une problématique ancienne et complexe », ajoute Thomas Coudon, expologue. Les principales sources de pollution aériennes proviennent du trafic, de l’industrie et des chauffages. « Mais elle a plutôt tendance à diminuer, il y a une amélioration de la qualité des énergies et des réglementations », ajoute-t-il.

« Les particules fines sont souvent la base pour mesurer les effets de la pollution. Celles qui sont appelées PM 2,5 peuvent par exemple passer dans les bronches, et les plus fines, PM10 dans le sang. Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique, cela entraine des décès, et des pertes de qualité de vie », précise Thomas Coudon. La pollution de l’air est en effet responsable de 48 000 décès chaque année. Par exemple, le confinement et la diminution du trafic ont permis d'éviter 2 300 décès. 

Pour établir des liens, les épidémiologistes Amina Amadou et Delphine Praud travaillent sur les incidences de certaines substances sur le risque de développer un cancer du sein. Des résultats ont notamment montré un lien entre ce type de cancer et une exposition aux perturbateurs endocriniens.

« Le benzo[a]pyrène (BaP) est un perturbateur endocrinien formé lors de la combustion incomplète de matières organiques (combustion mal maitrisée du bois, brûlage de végétaux à l'air libre, gaz d'échappement automobiles ou fumée de cigarette par exemple) », avait d’ailleurs publié le centre anticancéreux au mois d’avril. « Dans l’ensemble, l'exposition cumulée au BaP a été associée de manière significative à une augmentation du risque de cancer du sein. Ce risque varie selon le statut ménopausique, le statut des récepteurs hormonaux et le degré de différenciation du cancer du sein ». Le risque peut se voir augmenter de 20%.

Derrière cette démarche d’affiner la connaissance de ces risques, celle également d’adapter les politiques de santé publique et améliorer la prévention. Parce que 40% de cancers attribuables à des facteurs environnementaux, c'est 40% de cancers qui peuvent être évités ! 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers