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« Ces résultats confortent l'hypothèse selon laquelle l'autisme est un terme très général pour des phénomènes multiples », résument les auteurs de cette étude, publiée dans la revue Nature et menée par la chercheuse Xinhe Zhang, de l'université de Cambridge.
Ce travail vise à répondre à une question importante dans la compréhension de l'autisme : y a-t-il une différence de nature entre les troubles diagnostiqués dès la petite enfance et ceux qui le sont bien plus tard, au-delà parfois d'une dizaine d'années ?
Alors que l'autisme a longtemps été considéré comme un trouble identifiable dès le plus jeune âge, il est, depuis quelques décennies, repéré chez des patients de plus en plus âgés.
D'importantes différences génétiques
Deux hypothèses peuvent expliquer ces diagnostics tardifs, rappellent les chercheurs. La première veut que les patients aient globalement le même patrimoine génétique que ceux diagnostiqués tôt, mais que des facteurs liés au mode de vie – éducation, contexte familial... – contribuent à accentuer au fil des ans des symptômes imperceptibles dans leur petite enfance.
La seconde avance plutôt qu'il existe d'emblée d'importantes différences génétiques entre les deux catégories de patients. Celles-ci correspondraient donc plutôt à deux formes différentes du trouble autistique.
L'étude de Nature appuie cette seconde hypothèse. Après comparaison des patrimoines génétiques de milliers de patients autistes, au Danemark et aux États-Unis, les chercheurs concluent que les diagnostics précoces et tardifs correspondent à d'importantes différences génétiques.
« Les personnes diagnostiquées plus tard avec un autisme sont génétiquement plus proches de celles qui ont des troubles de l'attention et de l'hyperactivité », souligne auprès de l'AFP Thomas Bourgeron, chercheur à l'institut Pasteur et coauteur de l'étude.
Au-delà du patrimoine génétique, la réalité clinique des patients semble aussi différer : les personnes diagnostiquées tard apparaissent plus vulnérables à des troubles psychiatriques, comme une dépression.
Ces résultats permettent de mieux comprendre la diversité inhérente à l'autisme. Ils interviennent dans un contexte où l'administration du président américain Donald Trump et son ministre de la Santé Robert Kennedy Jr. multiplient les fausses informations sur ce trouble, évoquant une « épidémie » et établissant un lien infondé avec les vaccins et le paracétamol.
Les personnes autistes « sont quand même très différentes » les unes des autres, conclut Thomas Bourgeron, appelant à une prise en charge personnalisée selon le patient.
Avec AFP