
« Une déflagration dans le monde médical »
C’est en ces termes que Stéphane Oustric, président du Conseil national de l’Ordre des médecins, a décrit l’affaire lors d’une table ronde organisée le 30 septembre à l’Assemblée nationale, devant la commission des affaires sociales. « Le fait qu’un médecin ait pu commettre des faits d’une telle atrocité, sur un temps si long, constitue une réelle déflagration qui a ébranlé durablement l’ensemble des médecins, au premier rang desquels l’Ordre », a-t-il reconnu, visiblement ému.
Cette « affaire » a provoqué une véritable introspection au sein de l’institution. Depuis 2021, plusieurs mesures ont été engagées, dont une vaste enquête sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le monde médical. Les conclusions, rendues en novembre dernier, sont qualifiées d’« édifiantes » : 65 % des médecins en exercice déclarent avoir eu connaissance de faits de VSS dans leur environnement professionnel.
L’Ordre réclame des outils pour agir plus vite
Pour Christine Louis-Vahdat, présidente de la section Éthique et déontologie du Conseil national, le problème est aussi juridique et administratif. « Nous avons des médecins inscrits à nos tableaux dont nous ne savons pas qu’ils ont une interdiction d’exercice, et qu’ils sont sous contrôle judiciaire », a-t-elle expliqué. Dans certains cas, l’Ordre n’a été informé d’agressions que par voie de presse.
La demande est claire : une remontée d’informations systématique dès la première condamnation judiciaire, afin de pouvoir radier rapidement les médecins mis en cause. « On veut de la transparence ! », résume Christine Louis-Vahdat, qui appelle aussi à la création d’une « attestation d’honorabilité », à l’image de ce qui existe déjà dans la petite enfance et la protection de l’enfance.
Une exigence de confiance
Pour les députés, comme pour l’Ordre, la mission est double : protéger les patients, mais aussi restaurer la confiance dans la profession médicale, profondément ébranlée par l’affaire Le Scouarnec. « Nous ne disposons pas encore des outils nécessaires pour permettre le risque zéro », a reconnu Marie Daudé, directrice générale de l’Ordre.
En attendant de nouvelles mesures législatives, cette affaire rappelle que la vigilance doit être collective. Les soignants eux-mêmes sont invités à signaler tout comportement suspect. L’enjeu est simple : éviter qu’un nouveau drame ne vienne ternir durablement l’image et la crédibilité de toute une profession.
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