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« Je vous confirme avoir requis en juin 2025 (...) l’ouverture d’une information judiciaire contre X des chefs d’abstentions volontaires d'empêcher des crimes et délits contre l'intégrité physique des personnes », a indiqué Stéphane Kellenberger, procureur de Lorient, confirmant une information du quotidien Ouest-France.
Cette annonce intervient moins de deux mois après la condamnation de l'ex-chirurgien, âgé de 74 ans, par la cour criminelle du Morbihan à 20 ans de réclusion pour des violences sexuelles sur 298 victimes, la plupart mineures et en « état d'endormissement » au moment des faits.
La justice doit dire si d'autres personnes ont des responsabilités dans cette affaire
« A la suite de l’enquête préliminaire initiée par mes soins en 2020 sur ces mêmes qualifications, cette saisine va permettre au magistrat instructeur de diligenter, dans ce cadre, tous actes utiles complémentaires, notamment aussi à la lumière des éléments issus du procès » qui s'est tenu de fin février à fin mai, a ajouté le magistrat.
Pour Me Thibaut Kurzawa, avocat de la défense, cette ouverture d'une information judiciaire est « logique » et « n'est pas une surprise ».
Joël Le Scouarnec « a toujours reconnu ses actes, il les a même avoués cette année, donc, après (...) si on estime que d'autres personnes ont une part de responsabilité dans la survenance, voire la poursuite des actes de Monsieur le Scouarnec, c'est à la justice de le dire », a-t-il ajouté.
Joël Le Scouarnec avait déjà été condamné en 2005, comment est il resté médecin en activité ?
Joël Le Scouarnec, pourtant condamné dès 2005 pour détention d'images pédopornographiques à quatre mois de prison avec sursis, avait continué à exercer sans encombre en tant que chirurgien dans différents établissements de l'ouest de la France, multipliant les victimes jusqu'à son arrestation.
Ni les autorités sanitaires, ni les institutions hospitalières ni les différentes instances de l'Ordre des médecins n'avaient agi pour encadrer sa pratique médicale.
Lors du procès, le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), qui s'était constitué partie civile, avait notamment dit « regretter » les « dysfonctionnements » ayant permis au chirurgien de poursuivre sa carrière pendant plus d'une décennie après une première condamnation pour pédocriminalité en 2005.
Joël Le Scouranec devait-il être seul dans le box ?
Selon Stéphane Kellenberger, cité par Ouest-France, il faut distinguer « ce qui pourrait relever de la responsabilité civile ou administrative et de la responsabilité pénale. Il y a ceux qui savaient mais qui, peut-être pas sciemment, ont fait preuve de négligence ».
Lors de ses réquisitions, Stéphane Kellenberger, qui officiait comme avocat général, s'était interrogé : « Joël Le Scouarnec devait-il être seul dans le box ? »
« Il aurait pu être fait mieux, être fait autrement, même au milieu du fameux mille-feuille administratif français, chacun se renvoyant allègrement la balle jusqu'à ce que cette balle soit perdue et percute des innocents », avait lancé le magistrat.
Une ancienne responsable d'un des hôpitaux dans lesquels avait exercé le praticien a admis « un loupé », quand une autre avait justifié l'embauche du pédocriminel en raison d'un criant « besoin de chirurgiens ».
« C'est vrai qu'il manquait de toute façon toutes les responsabilités (...) secondaires », a estimé vendredi Me Marie Grimaud, qui représentait une quarantaine de parties civiles lors du procès à Vannes.
Pendant le procès, une enquête préliminaire concernant « des victimes éventuellement non identifiées ou nouvellement déclarées » du pédocriminel avait été ouverte après des aveux de l'accusé.
Le 28 février, Joël Le Scouarnec avait notamment reconnu « des actes d'abus sexuels » sur sa petite-fille, face à l'un de ses fils, le père de l’enfant, venu témoigner à la barre.
Après l'arrestation du chirurgien en mai 2017, les forces de l'ordre avaient découvert chez lui des journaux intimes dans lesquels il consignait les noms de patients et les descriptions des agressions. Selon Joël Le Scouarnec, certains auraient été détruits.
Avec AFP
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