Joël Le Scouarnec, le violeur en série pédophile aux 300 victimes : retour sur des décennies de silence

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Le procès de Joël Le Scouarnec débute ce lundi 24 février devant la cour criminelle du Morbihan. L'ex-chirurgien est accusé d'avoir violé et agressé sexuellement 300 enfants durant des décennies de pratique médicale dans divers hôpitaux, avant d'être stoppé par une plainte. Plusieurs personnes savaient déjà, notamment sa femme et sa soeur.

Joël Le Scouarnec, le violeur en série pédophile aux 300 victimes : retour sur des décennies de silence

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En décembre 2004, les gendarmes se rendent chez Joël Le Scouarnec près de Vannes. Sa carte bancaire a laissé des traces sur un site pédopornographique russe. Le 17 novembre 2005, il est condamné à 4 mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, sans obligation de soin, ni interdiction d'exercer.

En 2006, un psychologue de l'hôpital de Quimperlé où travaille Joël Le Scouarnec alerte la direction sur sa condamnation et sa « dangerosité ». Le directeur prévient l'ordre des médecins du Finistère et la Ddass tout en louant le « sérieux » du médecin et « ses excellentes relations » avec les patients, selon un courrier. Il continue d'exercer.

300 000  images pédopornographiques retrouvées chez lui

Ce n'est que plus de 10 ans plus tard, que ce spécialiste de la chirurgie digestive est de nouveau inquiété : le 25 avril 2017, une de ses voisines dépose plainte contre lui à la gendarmerie de Jonzac (Charente-Maritime) pour des faits d'exhibition sexuelle commis la veille devant sa fille de 6 ans. Interrogée, la fillette relate également un viol digital (confirmé par une expertise gynécologique).

Le 2 mai 2017, le chirurgien, alors âgé de 66 ans, est interpellé à son domicile puis mis en examen et incarcéré. Les gendarmes découvrent chez lui des poupées et des accessoires de nature sexuelle, des images pédopornographiques (300 000 dira l'enquête) et des journaux intimes où il consignait jour après jour des récits pédopornographiques ou zoophiles glaçants.

Dans le bureau du juge, Joël Le Scouarnec fait remonter les premiers « attouchements », aux années 1985-1986, sur l'une de ses nièces.

Il a agressé sa nièce, la mère de l’enfant savait et n’a rien fait

Il assure que sa femme est au courant depuis 1996. L'enquête révélera que sa sœur le soupçonnait d'attouchements sur sa fille depuis 1997. Deux ans plus tard, l'une de ses deux enfants lui confirme qu'elle et sa sœur avaient bien été victimes de leur oncle. Aucune plainte n'est déposée.

Le 15 octobre 2020, le chirurgien est mis en examen dans une deuxième procédure, menée sous l'autorité du parquet de La Rochelle. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/affaire-joel-le-scouarnec-le-ministere-de-la-sante-et-lordre-des-medecins-etaient-informes

Des recherches et des auditions s'appuyant sur les carnets intimes où il consignait scrupuleusement les noms de ses victimes, associés à des descriptions d'agressions : cunnilingus, attouchements, pénétrations digitales... ont mis au jour 312 victimes de viols et agressions sexuelles, entre 1986 et 2014.

Âgées en moyenne de 11 ans, la plupart étaient en « état d'endormissement » et n'ont gardé aucun souvenir de leur agression.

« Silence et inaction »

Le 3 décembre 2020, la cour d'assises de la Charente-Maritime le condamne à 15 ans de réclusion criminelle pour les viols d'une de ses nièces et de sa voisine ainsi que pour des agressions sexuelles sur une autre nièce et une patiente de 4 ans. Une peine assortie d'une obligation de suivi socio-judiciaire de 3 ans et d'une injonction de soins. Joël Le Scouarnec fait appel puis y renonce.

En juillet 2022, l'association Face à l’inceste dépose plainte mettant en cause l'institution judiciaire et les autorités de santé. Elle dénonce « le silence et l'inaction » après la condamnation de Joël Le Scouarnec en 2005. En avril 2023, « La Voix De l’enfant » fait de même.

Les chiffres glaçants : 111 viols et 189 agressions sexuelles

Après quatre ans d'instruction, Joël Le Scouarnec, est renvoyé en septembre 2024 devant la cour criminelle du Morbihan pour 111 viols aggravés et 189 agressions sexuelles aggravées sur 158 victimes de sexe masculin et 141 de sexe féminin, commis entre janvier 1989 et janvier 2014. Le procès devrait durer environ quatre mois.

Avec AFP

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