Antisémitisme au campus : "Quand on se plonge dans les cas, c'est toujours compliqué"

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Humour déplacé, harcèlement, conflits entre étudiants… Daniel Verba, référent racisme et antisémitisme à l’université Paris 13 (Bobigny), explique le contexte autour de la plainte déposée pour antisémitisme dans sa faculté de médecine. 

Antisémitisme au campus : "Quand on se plonge dans les cas, c'est toujours compliqué"

Le 29 octobre dernier, une étudiante de deuxième année de médecine de la faculté de médecine de Bobigny a porté plainte. Elle rapporte des injures et un harcèlement à caractère antisémite de la part de certains étudiants de sa promotion. Les faits rapportés concernent en particulier l’organisation du week-end d’intégration, mais semblent dépasser ce cadre. Blagues sur la Shoah, saluts hitlériens, le harcèlement a dérivé jusqu’à l’invention d’un petit jeu : le « frispa », à comprendre comme frisbee kippa…

Daniel Verba, référent racisme et antisémitisme de l’université Paris 13, revient pour What’s up Doc sur le contexte de cet évènement.

What’s up Doc. Avez-vous beaucoup de remontées d’incidents racistes ?

Daniel Verba. Nous avons quelques cas, pas extrêmement fréquents, et qui n’ont pas donné lieu à des plaintes. Ils sont traités en interne. À la suite des attentats, le Premier ministre avait demandé le lancement d’initiatives. Le ministère de l’Enseignement supérieur a donc créé ces postes de référents racisme et antisémitisme.

WUD. Ce qui fait gonfler les chiffres ?

DV. Les référents ont été nommés il y a quelques mois dans les universités, et ont modifié la situation. Par le passé, personne n’était chargé de recenser ces cas institutionnellement. Ils peuvent désormais faire remonter des chiffres, ce qui peut faire penser que les actes sont en augmentation, sans que l’on sache vraiment si c’est le cas. Mais je préfère qu’il y ait plus de plaintes que de cas légitimes, plutôt que l’inverse.

WUD. Que peut-on dire de la plainte de l’étudiante de deuxième année ?

DV. Ce que je peux vous dire, c’est qu’une affaire couvait depuis plusieurs mois. Je suis un peu en difficulté pour vous en dire plus, car une plainte est en cours justement. Je ne peux que vous donner un point de vue.

WUD. Il semblerait que les insultes se soient cristallisées autour du week-end d’intégration (WEI).

DV. Il a été rapporté dans la presse que les faits s’étaient déroulés pendant l’organisation du WEI, en dehors de la fac. Mais le WEI n’est pas organisé de manière anarchique. Ce sont les organisations étudiantes qui s’en occupent. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a eu des échanges dans un groupe de discussion privé, parallèle au projet de WEI, avec des acteurs importants de l’organisation. 

WUD. Comment analysez-vous ces comportements ?

DV. Quand on plonge dans ces cas, c’est toujours plus compliqué qu’une simple injure raciste. C’est un mélange d’embrouilles, de harcèlement avec, en satellite, une ambiance raciste ou antisémite. Quand je dis ambiance, je parle des interactions qui se font autour des appartenances, avec des terminologies racialistes. Au collège, on entend les jeunes ados s’interpeller les uns les autres de négro, de feuj, de babtou… Et ce qui nous désole, c’est que l’on retrouve ces comportements chez des étudiants.

WUD. Quel est le rôle de l’université dans ces cas-là ?

DV. L’université a réagi vite pour l’étudiante de 2e année. Nous n’avons pas laissé traîner la situation, car ce sont des choses graves, que la justice devra confirmer. Nous avons pris les mesures nécessaires pour que le dossier soit traité, et pas laissé à l’abandon. 
Nous avons également décidé de mettre en place des actions destinées à sensibiliser sur le sujet.

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