Allongement du délai d’IVG : le clash des générations ?

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D’un côté, l’Ordre et l’Académie de médecine qui dénoncent ce délai supplémentaire pour des motifs éthiques et de sécurité. De l’autre, le SNJMG à deux doigts de ne plus payer sa cotisation ordinale en raison de ces propos « réactionnaires ». Entre eux, l’Ordre des sages-femmes et le Planning familial, qui se félicitent de ce vote mais restent vigilants.

Allongement du délai d’IVG : le clash des générations ?

« Rétrograde ». Voilà comment le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) qualifie la réaction de l’Ordre des médecins à l’allongement du délai légal d’accès à l’interruption volontaire de grossesse de 12 à 14 semaines, adopté jeudi 8 octobre en première lecture à l’Assemblée nationale. Une proposition de loi (1) qui vise par ailleurs à permettre aux sages-femmes de réaliser des IVG chirurgicales et à supprimer la clause de conscience spécifique à l’IVG pour les médecins.
D’après le CNOM (2) « ni la disparition de la clause de conscience, ni l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG de 12 à 14 semaines, ne permettront de répondre aux difficultés qui peuvent, aujourd’hui encore, se poser à nos concitoyennes souhaitant avoir recours à une IVG ». L’institution dénonce par ailleurs « l’inaction et l’impréparation de l’exécutif » dans ce dossier.
Cette prise de position ordinale a encore fait grimper le SNJMG au cocotier, peu de temps après le tollé suscité par la condamnation d’un collectif antiraciste par le CNOM : « En multipliant les prises de position politiques réactionnaires, qui engagent l’ensemble du corps médical, l’Ordre donne à voir son vrai visage : l’équivalent d’un syndicat plaçant les intérêts de sa corporation avant celui des patients », dénonce le SNJMG dans un communiqué publié ce lundi 12 octobre (3). Le point de non-retour semble atteint : « Nous, médecins, sommes contraints de cotiser à un simili syndicat dont nous contestons la légitimité et dont nous ne partageons pas les valeurs », balance le SNJMG, le climat étant irrémédiablement tendu depuis le début de l’année (4)
Sur Twitter, le SNJMG se lâche encore un peu plus dans le déboulonnage de l’institution ordinale :

 L’Académie nationale de médecine s’est dite également opposée à cette proposition de loi, pour d’autres motifs, craignant notamment des « manœuvres chirurgicales qui peuvent être dangereuses pour les femmes » et « une augmentation significative des complications à court ou à long terme ». Selon les « sages » de la rue Bonaparte, ces mesures ne correspondent pas à l’attente des femmes, qui aspirent plutôt à une prise en charge plus rapide.
Du côté de l’Ordre des sages-femmes, on salue l’adoption du texte, tout en soulignant que la longueur et la teneur des débats dans l’hémicycle ont apporté la preuve de « la méconnaissance des compétences de la profession », tout particulièrement la réalisation quotidienne d’actes chirurgicaux et endo-utérins (épisiotomie, suture, révision utérine…). Une « invisibilité » contre laquelle les sages-femmes se battent depuis des années.
Le Planning familial se félicite lui aussi de cette avancée réclamée de longue date. Sans oublier de rappeler qu’en France une femme sur trois a avorté ou avortera et que le droit à l’avortement est « toujours à conquérir ».    

 
Un avis du Comité consultatif national d’éthique doit être rendu courant novembre et le texte doit encore passer devant le Sénat avant la fin de l’année.  

  1. : http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/dossiers/alt/renforcement_du_droit_a_lavortement
  2. https://www.conseil-national.medecin.fr/publications/communiques-presse/clause-conscience-livg
  3. http://www.snjmg.org/blog/post/ordre-des-medecins-ensemble-denoncons-cette-institution-reactionnaire/1820
    (4) : https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/le-cnom-joue-les-gros-bras-et-expulse-le-snjmg

 
 
 
 
 

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