
La soirée des Hôpitaux du Point.
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Un avenir incertain pour l’hôpital public
À la question « Le maintien d’un hôpital public fort vous semble-t-il possible dans les 10 prochaines années ? », seuls 20 % des médecins répondent oui.
En face, 80 % se déclarent incertains ou pessimistes, dont 40 % disent clairement non.
Chez les jeunes médecins, le constat est encore plus sombre : 84 % des moins de 39 ans doutent de la survie d’un hôpital fort dans la prochaine décennie.
Une Sécurité sociale jugée défaillante
L’hôpital public bénéficie-t-il d’un soutien suffisant de la Sécurité sociale ? À peine 18 % des médecins répondent positivement.
Près de la moitié (46 %) jugent le soutien insuffisant et 31 % seulement partiel. Chez les praticiens hospitaliers, 90 % estiment que l’appui de la Sécu est insuffisant ou incomplet.
Gouvernance : un rejet massif
93 % des répondants dénoncent une gouvernance inadaptée aux besoins médicaux (directeurs, ARS, gestion RH).
Un chiffre qui grimpe à 94 % chez les hospitaliers, et qui atteint 99 % chez les jeunes médecins. Autrement dit : presque personne ne croit à l’efficacité de la gestion actuelle.
Des missions de service public sous-financées
Urgences, permanence des soins, actes non rentables : seules 12 % des personnes interrogées estiment que ces missions sont correctement financées.
Chez les hospitaliers, ce chiffre tombe à 7 %. Pour beaucoup, c’est le cœur même du service public hospitalier qui est menacé.
L’image d’un naufrage
Lorsqu’on demande aux médecins de qualifier la situation de l’hôpital public :
- 66 % parlent d’un « naufrage en cours »
- 31 % d’une « crise mais réversible »
- 3 % seulement le voient comme « un pilier solide »
Le rôle du privé, fracture ouverte
À la question du secteur privé lucratif, 52 % souhaitent réduire ou réguler davantage sa part dans le financement public des soins.
Mais 26 % pensent au contraire que le privé devrait être davantage soutenu. La fracture sur la place du privé est nette.
La fuite des médecins
L’hémorragie est silencieuse mais massive :
- 28 % sont déjà partis de l’hôpital public
- 30 % envisagent sérieusement de le quitter
- 28 % y pensent parfois
Seuls 14 % affirment vouloir y rester, et chez les jeunes, ils ne sont que 13 %.
Les causes du malaise
Les médecins identifient très clairement les racines de la crise :
- Gouvernance technocratique (88 %)
- Manque de personnel (67 %)
- Sous-financement chronique (65 %)
- Manque de reconnaissance professionnelle (63 %)
- Charge de travail (48 %)
- Déséquilibre public/privé (31 %)
Ce baromètre révèle que les médecins n’ont pas perdu foi en leur métier, mais qu’ils ont perdu confiance dans le système. L’avenir de l’hôpital public, tel qu’il est organisé aujourd’hui, leur apparaît comme incertain, voire condamné, si des changements structurels et politiques profonds ne sont pas entrepris.
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