Vers un coaching plus rapproché des internes

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Rencontre avec le Pr Benoît Schlemmer

Vers un coaching plus rapproché des internes

A la rentrée 2017, un internat refait à neuf doit entrer en vigueur. Le Pr Benoît Schlemmer, ancien doyen de Paris 7 qui a repris le dossier il y a bientôt un an, révèle à What’s up Doc les coulisses d’une réforme dont on parle depuis des années.

 

What’s Up Doc : Quels sont les objectifs de la réforme du troisième cycle des études médicales ?

Pr Benoît Schlemmer : Nous voulons un système assez plastique et évolutif, fondé sur le principe de compétences. C’est un point sur lequel nous avons 20 ans de retard sur les autres pays. L’acquisition des compétences doit être évaluée à la fin de chaque phase (phase socle, phase d’approfondissement et phase finale). Le suivi des internes doit également être plus rapproché, comme un véritable coaching. Enfin, le lien entre formation initiale et continue doit être mieux établi : un généraliste qui veut faire de la gériatrie doit pouvoir se réorienter. On n’est pas forcé de faire à 50 ans ce qu’on avait choisi de faire à 25 ou 30 ans !

WUD : Où en sont vos travaux ?

BS : La réforme s’appliquera à la rentrée 2017, mais tout doit être prêt pour cet été. Nous avons reçu les projets de maquettes de toutes les disciplines. Nous devons encore faire un certain nombre de navettes avec les enseignants pour assurer la cohérence de l’ensemble. Certains éléments sont également à régler : asseoir juridiquement et fonctionnellement la dernière phase du DES, en valider les durées…

WUD : Et quid du clinicat ?

BS : Le clinicat ne va pas disparaître, mais il va être réorienté vers un véritable mi-temps universitaire, avec de véritables responsabilités d’enseignement et d’encadrement des internes. Il faut bien avouer qu’actuellement, les chefs de clinique et assistants sont surtout investis dans l’activité médicale.

WUD : Il semblerait qu’il y ait encore des discussions sur les Formations spécialisées transversales (FST)…

BS : Les FST renvoient à des compétences partagées par au moins deux disciplines. Les pouvoirs publics ne souhaitent pas les multiplier, car elles seront qualifiantes. Il est donc probable que toutes celles qui sont demandées ne verront pas le jour. Les arbitrages ne sont pas encore faits.

WUD : En fin de compte, pensez-vous qu’on aille vers une simplification (ô combien nécessaire…) du troisième cycle ?

BS : Je l’espère : avec ce déroulé en trois phases, la structuration générale de l’internat sera clarifiée. Les conditions de suivi et de validation le seront également. Nous espérons que l’hétérogénéité actuelle du système sera lissée : on ne doit pas être évalué différemment en Ile-de-France et en Rhône-Alpes-Auvergne. Mais cela ne veut pas dire qu’un travail de pédagogie ne sera pas nécessaire. Ce travail sera, je l’espère, facilité par le fait que les textes seront moins laconiques.

WUD : Etes-vous confiant sur l’aboutissement de votre mission ?

BS : J’ai bien senti que quand on m’a confié ce dossier, beaucoup de gens étaient sceptiques : cela fait 25 ans que personne ne s’était penché sur la façon dont on forme les gens. Maintenant, j'ai la conviction que tout le monde y croit. De toutes façons, on ne peut plus reculer.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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