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What's up Doc. Quelle a été la réaction de votre syndicat au refus d’Olivier Véran, la semaine dernière, d’ouvrir un « Ségur 2 » ?
Dr Jean-François Cibien. Nous avons subi un choc, celui de la déception, depuis la signature des accords en juillet dernier. Il faut en effet noter que la fusion des trois premiers échelons pour les PH est une mesure qui avait déjà été actée dans le plan « Ma santé 2022 » d’Agnès Buzyn. Cette mesure, qui aujourd’hui n’est pas couplée à une reprise de l’ancienneté pour les autres PH, n’est pas acceptable. Si vous êtes PH avec moins de quatre ans d’ancienneté, vous aurez le même salaire qu’un médecin qui débute sa carrière. C’est un non-sens absolu ! Dans toutes les négociations, quand vous bougez la grille de salaire, elle évolue pour tout le monde. Pour les PH en milieu de carrière, il y a peu d’avancées. La revalorisation de l’indemnité de service public exclusif (IESPE) est une très bonne chose, mais elle était demandée bien avant le Ségur. Un PH avec quinze ans d’ancienneté verra son IESPE passer de 700 à 1010€, mais sans autre augmentation. Pour rappel, la perte du pouvoir d’achat des PH est estimée à 30% sur les 30 dernières années.
WUD. Quelle revalorisation salariale demandez-vous pour les jeunes praticiens hospitaliers ?
Dr J.-F. C. 5000€ net en début de carrière, hors prime et indemnité. Quand vous commencez votre carrière entre 27 et 30 ans, que vous avez passé 8 à 10 ans à étudier et vous former, que votre charge de travail et vos responsabilités sont énormes, ce montant de 5000 euros est justifié. Cela aurait été un signal fort. Aujourd’hui, il manque environ 1000€ pour arriver à cette somme. Sachant que dans le privé, les salaires sont doubles ou triples.
Nous ne sommes pas fatigués de travailler, nous sommes fatigués d’être déconsidérés
WUD. Et concernant le décompte du temps de travail ?
Dr J.-F. C. Nous demandons tout simplement un décompte du temps de travail effectif, conformément à la loi européenne, avec une limite haute à 48 heures hebdomadaires. Soit un décompte horaire, comme pour les urgentistes, soit par demi-journées. Aujourd’hui, une garde de 18 heures à 8 heures du matin ne compte que pour deux demi-journées. Pour une garde de 24 heures, APH demande qu’il y ait une cinquième demi-journée comptabilisée pour reconnaître la pénibilité de la nuit. Les jeunes médecins ont compris qu’il y avait un temps pour la vie professionnelle et un temps pour la vie personnelle. Ils voient les seniors méprisés par les politiques et les directions hospitalières et refusent d’entrer dans ce système qui broie.
WUD. Quel est l’état d’esprit actuel parmi les praticiens hospitaliers ?
Dr J.-F. C. Nous constatons une vague de démissions de praticiens hospitaliers. Nous ne sommes pas fatigués de travailler, nous sommes fatigués d’être déconsidérés. Il y a 46,4% de postes non pourvus sur les nominations du printemps 2020, c’est du jamais vu. Beaucoup de postes sont comblés par des médecins à diplômes étrangers. Ces médecins n’ont pas les mêmes statuts que nous et sont sous-payés. Dans certains hôpitaux, jusqu’à 80% des médecins urgentistes demandent leur mutation. Si les urgences tombent, c’est tout le fonctionnement de l’hôpital qui tombe. Arrêtons de dire que tout va bien. Dans le contexte Covid, on va se serrer les coudes comme d’habitude, mais à mon niveau, je vous le dis, ce sera la dernière fois.
WUD. Le statut unique de PH est-il faisable pour mars 2021 et qu’en attendez-vous ?
Dr J.-F. C. Ce dossier, comme tant d’autres, s’est arrêté net avec la Covid, mais on doit dégager du temps pour avancer. Ce statut vise à lisser les différences entre un PH, un PH contractuel et nos confrères universitaires. Cela permettrait de parler un seul et unique langage, d’arrêter le saucissonnage entre les différents ministères, qui est une manière bien française de ne pas gérer les dossiers. Derrière ce statut, il y a aussi la possibilité d’exercer des droits de valences : une valence d’enseignement, de recherche, de management ou d’intérêt général. Tout cela doit être valorisé à hauteur de deux demi-journées par semaine, soit 20% du temps de travail, comme pour les PH qui exercent une activité libérale.