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L’adoption de la loi Garot le 7 mai par l’Assemblée nationale marque un tournant politique : pour la première fois, le libre choix d’installation des médecins est remis en question par la loi, au nom de l’égalité d’accès aux soins. Mais dans une tribune publiée dans Le Monde, des soignants, médecins généralistes, spécialistes et étudiants vont plus loin.
« Il est temps de réguler l’installation des médecins, écrivent-ils, mais cette régulation ne peut fonctionner que si elle s’accompagne d’une stratégie cohérente qui organise et garantisse un accès aux soins et à la prévention, partout en France. »
Pour eux, la situation est critique : des millions de Français n’ont plus de médecin traitant, et dans les zones bien pourvues en professionnels, l’accès est souvent freiné par des dépassements d’honoraires.
« Le modèle basé sur le libre choix d’installation et la rémunération à l’acte a montré ses limites », dénoncent-ils. Former plus de médecins ne suffit plus si l’on n’organise pas leur répartition sur le territoire.
Pour les signataires, réguler n’est pas punir
Pour les signataires de la tribune, la loi récemment votée ne saurait suffire si elle ne s’accompagne pas d’un changement d’échelle. Ils appellent à bâtir un véritable service public territorial de santé, en implantant des centres de santé à gestion publique dans les zones les plus fragiles.
Ces structures à but non lucratif offriraient des soins sans reste à charge, assurés par des professionnels salariés et pluridisciplinaires, avec un accès facilité par le tiers payant intégral.
« Une offre de soins accessibles à tous, humaine et de qualité, partout sur le territoire », résument-ils, en prenant appui sur les exemples existants de centres municipaux ou associatifs.
Selon eux, l’égalité d’accès nécessite de repenser l’organisation des soins autour de pôles territoriaux de santé, connectés aux hôpitaux publics et aux services de prévention comme la PMI ou la médecine scolaire, pour une prise en charge continue et cohérente.
Opposés à une vision punitive de la régulation, les signataires insistent : « Réguler, ce n’est pas punir. C’est organiser l’installation des professionnels là où ils sont nécessaires, pour garantir un droit fondamental : celui de se soigner ».
Pour eux, il est temps de sortir de l’idéologie du « tout libéral » pour construire un système où la solidarité et l’humain prennent le pas sur la logique de marché.
« Nous, soignants et partenaires des centres de santé, y sommes prêts. À l’État de prendre ses responsabilités », concluent-ils. Alors que la loi est désormais adoptée, leur message est clair : sans vision d’ensemble, la régulation restera un outil inefficace.