Un influenceur a gagné 7,5 millions d'euros grâce au Covid-19

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En maillot de basket à Dubaï, il s'adresse à ses abonnés sur Snapchat. "Y a 4.500 euros à prendre. T'es entrepreneur, tu envoies un message sur le whatsapp, en 48 heures. Let's go for the show".

Un influenceur a gagné 7,5 millions d'euros grâce au Covid-19

L'homme barbu, bronzé, qui parle dans la vidéo au smartphone diffusée sur l'écran de la salle d'audience est debout dans le box du tribunal correctionnel de Paris.

"PA7", ex-influenceur de 24 ans, est soupçonné avec six autres personnes d'avoir escroqué, à hauteur de millions d'euros, le fonds de solidarité aux entreprises lié à la crise du Covid-19.

Cette arnaque "tellement simple", digne d'"un enfant de six ans", qu'il reconnaît mais dont il conteste les montants, a débuté en mars 2020 en région parisienne, au moment du premier confinement, déclare-t-il en réponse aux questions du tribunal de Paris.

Chauffeur-livreur, il est à l'époque "au chômage" et gagne "906 euros par mois". Il voit un "article sur Facebook" concernant les aides aux entreprises à l'activité ralentie voire arrêtée, par les décisions du gouvernement.

Il clique sur le "lien", remplit le formulaire avec de fausses informations, fait passer son auto-entreprise pour de "l'art du spectacle".

"J'ai reçu 6 000 euros en rétro-activité en 48H. Donc pour moi, le calcul était vite fait", résume le prévenu costaud en polo noir, cheveux coupés en brosse. "J'ai vu une opportunité et je me suis saisi de mon téléphone pour faire la promotion."

Il a alors 3 000 abonnés sur Youtube, où il fait "des vidéos en TMAX", des scooters très puissants.

"J'ai d'abord fait des demandes pour mes amis proches et quand j'ai commencé à récupérer des commissions de 1 500 euros, j'ai vu que c'était lucratif, que c'était un business", ajoute-t-il.

Les publicités sont signées "l'équipe Covid"

Selon les investigations, il met alors en place des publicités, flyers, vidéos, sur les réseaux sociaux, multiplie les demandes avec des chiffres d'affaires gonflés et de faux domaines d'activités en prenant 40, voire 70% de commission.

Les publicités sont signées "l'équipe Covid" et mentionnent "quatre personnes à plein temps". Une équipe qui a même eu, un temps, des "bureaux" mais dont le prévenu refuse de citer les noms, sauf un, répétant ne pas "s'en souvenir".

"Vu votre âge, on en est pas encore aux pertes de mémoire", glisse, sarcastique, la présidente Isabelle Prévost-Desprez.

Au total, l'instruction a établi que l'équipe avait soumis, entre mars 2020 et juillet 2021, 695 demandes frauduleuses d'indépendants et d'auto-entrepreneurs, pour 33,8 millions d'euros réclamés dont 7,5 millions effectivement versés.

Ce qui fait théoriquement un bénéfice de plus de 3 millions d'euros en commissions, souligne la présidente.

"C'est votre calculette", proteste "PA7", qualifiant ces chiffres de "n'importe quoi" et affirmant avoir toute sa "comptabilité" dans son téléphone.

La magistrate lui fait remarquer qu'il a refusé de donner son code, puis posé "des conditions".

"J'ai une vie privée", se rebiffe le prévenu aux 51 000 abonnés sur Snapchat, répétant ne pas vouloir "impliquer des amis".

"Qui va cracher sur 4 500 euros ?"

En décembre 2020, "PA7" quitte la France pour Dubaï - à cause de "menaces de racket", explique-t-il.

Lui qui avait déjà en France un train de vie élevé continue son "business", tout en postant des photos de lui devant une voiture luxueuse ou une piscine.

Le tribunal diffuse quatre vidéos filmées depuis l'émirat. "Y a un an et demi, j'ai été numéro un des aides Covid en France", lance-t-il dans l'une. "J'arrive à faire tomber le chômage partiel en 27 jours", dans une autre. "Qui va cracher sur 4 500 euros ? C'est dur en France", dans une troisième.

Avec toujours la formule : "Let's go for the show" (C'est parti pour le show).

En juillet 2021, il est interpellé par les autorités dubaïotes, extradé vers la France et placé en détention.

Selon l'accusation, des circuits de "décaisse" ont en outre été mis en place afin de blanchir l'argent, notamment par certains de ses coprévenus.

Son "meilleur ami" de 22 ans, qui l'a suivi à Dubaï et est assis à ses côtés dans le box, doit être interrogé mardi.

Le principal prévenu encourt dix ans d'emprisonnement.

Le procès doit s'achever jeudi soir.

Avec AFP

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