Tripote-moi l’Ondam avec les lois !

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Chaque année, les parlementaires fixent un plafond aux dépenses de santé via l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam). Enjeu majeur de la présidentielle, ce sujet est traité de manière un peu leste par les candidats.

Tripote-moi l’Ondam avec les lois !

L’Ondam, c’est un peu comme le sexe : il y a ceux qui osent en parler en public et ceux qui préfèrent ne pas s’étendre. Et c’est un peu, aussi, comme pour les frites McCain : ceux qui se taisent ne sont pas forcément ceux qui en font le moins… Certains candidats ne mentionnent même pas le mot « Ondam » dans leur programme. Parmi ces grands pudiques, on trouve Marine Le Pen. Curieux silence de la part de celle qui veut garantir « le remboursement de l’ensemble des risques pris en charge par l’Assurance maladie », sans se priver d’« augmenter les effectifs de la fonction publique hospitalière ».

Le prude Benoît Hamon, lui non plus, ne pipe mot de l’Ondam. Son discours sur le financement de la santé est pourtant axé sur un « droit à la santé universel » qui ne sera pas sans coût. Même discrétion chaste du côté de Nathalie Arthaud, dont le programme consiste notamment à « embaucher massivement dans tous les services publics où le personnel manque cruellement », à commencer par « les hôpitaux ».

Plus c’est gros, mieux c'est

Heureusement pour les amateurs de grivoiseries budgétaires, d’autres candidats se risquent à évoquer l’Ondam. À commencer par François Fillon, qui entend limiter sa progression « en deçà de 2 % chaque année ». Pour rappel, l’évolution naturelle des dépenses de santé est de l’ordre de 4 %. Il faudra donc en passer par un plan d’économie (voir encadré ci-contre). À sec. Cela risque de faire d’autant plus mal que François Fillon prévoit des dépenses nouvelles, avec notamment un « reste-à-charge zéro pour les audioprothèses, l’optique, les prothèses dentaires et les dé- passements d’honoraires ».

D’autres candidats prévoient au contraire de mettre un peu de lubrifiant et de desserrer l’Ondam. Emmanuel Macron entend le laisser généreusement filer au rythme de 2,3 % de croissance par an, quand Nicolas Dupont-Aignan évoque un orgasmique 3 %. C’est que pour ces deux candidats, la santé n’est pas qu’une dépense. C’est un gisement de croissance économique. De quoi éveiller une certaine concupiscence.

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Au fait, les sous, on les prend où?

Si tous les candidats envisagent d’augmenter au moins certaines des dépenses de santé, ils ne sont pas non plus avares en mesures d’économie. Florilège.

Nathalie Arthaud. « Financer ce qui est nécessaire en prenant sur les profits des industriels et des financiers. »

François Fillon. Mettre en œuvre un plan d’économie de « 20 milliards sur cinq ans grâce à des efforts d’efficience ».

Benoît Hamon. Miser sur « la stratégie des coûts évités » en mettant l’accent sur la prévention.

Marine Le Pen. « Réaliser des économies en supprimant l’AME réservée aux clandestins, en luttant contre la fraude. »

Jean-Luc Mélenchon. Renégocier les « prix exorbitants exigés par certains laboratoires pharmaceutiques et certaines catégories de professionnels. »

 

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