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La Mutualité Française, par la voix de ses dirigeants et de nombreux présidents de mutuelles, s'élève contre le projet d'augmentation de la taxe de solidarité additionnelle (TSA) appliquée aux cotisations des complémentaires santé. Cette mesure, que les auteurs qualifient d'« équivalent d'une TVA en santé de 14% », constituerait selon eux « un terrible signal » pour notre système de soins.
Les signataires rappellent que « quatre-vingts ans après l'édification de notre modèle social, fondé sur l'articulation entre le régime général obligatoire et les complémentaires santé, la promesse d'une vie longue et en bonne santé pour la plupart d'entre nous est pourtant tenue.» Ils s'inquiètent des orientations actuelles «de nature à affaiblir notre système de soins et la lisibilité de son financement ».
Les mutuelles refusent d'être la variable d'ajustement comptable pour compenser le définancement de la Sécu
La tribune dénonce une hausse « inefficace » qui « ne ferait que grever un peu plus le pouvoir d'achat des Français, sans rien régler du déficit structurel de l'assurance maladie ». Plus préoccupant encore selon les auteurs, cette mesure serait « injuste » car elle « pèserait davantage, en proportion, sur ceux qui ont moins, au premier rang desquels les retraités ».
Les mutuelles, organismes à but non lucratif, refusent d'être considérées comme « la variable d'ajustement comptable, contrainte à un rôle de collecteurs d'impôts, pour compenser le 'définancement de la Sécu' ». Elles dénoncent un « court-termisme irresponsabl e» qui fragilise l'ensemble du système.
Pour créer « les conditions d'une architecture de soins durabl e», les signataires proposent plusieurs solutions :
- Améliorer l'efficience du système en s'attaquant aux « sur-prescriptions et à la redondance des soins », et renforcer la lutte contre la fraude, « levier considérable, plébiscité des Français, alliant gestion rigoureuse et justice sociale ».
- Adopter une « logique de pluriannualité » pour le financement de la santé, à l'image de celle appliquée à la défense nationale, afin d'optimiser et de rendre plus lisible notre système.
- Infléchir la logique du système vers la prévention, en la reconnaissant « comme une prestation à part entière », ce qui permettrait de contribuer à son financement.
- Exploiter les données de santé et l'intelligence artificielle, avec les garde-fous nécessaires, pour développer une « médecine cousue main » et lutter contre les inégalités.
Les auteurs concluent en affirmant leur espoir que « si le XXe siècle a inventé l'idée de 'protection sociale', le XXIe pourrait être celui de la 'prévention personnalisée' ».