Solutions hydroalcooliques : la résistance s’organise

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Enterococcus faecium mène la révolte

Solutions hydroalcooliques : la résistance s’organise

Des souches bactériennes isolées par des chercheurs australiens révèlent une augmentation des résistances aux solutions hydroalcooliques. Vraisemblablement en raison de leur utilisation massive dans les hôpitaux.

Elle est devenue le fer de lance de la lutte contre les maladies nosocomiales. L’utilisation de solution hydroalcoolique à l’hôpital s’est imposée comme la norme pour l’hygiène des mains depuis les années 2000, à tel point que sa consommation est devenue l’un des indicateurs principaux de bonnes pratiques en hygiène dans les établissements de santé.

Mais cette impunité totale face aux bactéries arrive peut-être à son terme. Après le succès des premières heures, et la réduction effective des infections, il semblerait que certaines repartent à la hausse. C’est notamment le cas pour les infections à Enterococcus faecium, qui représentent désormais 10 % des infections nosocomiales. Et pour cause : la bactérie aurait développé des résistances, d’après une équipe de chercheurs australiens de l’université de Melbourne.

Résistance à l’isopropanol

Pour leur étude, ils ont comparé la résistance d’échantillons prélevés entre 1997 et 2015 dans deux hôpitaux de Melbourne. Et les bactéries prélevées après 2010 présentent une tolérance environ dix fois plus importante que celles des premières années.

À des concentrations normales d’alcool (70 %), les Enterococcus faecium ne survivent pas. Mais les essais effectués à des concentrations inférieures ont montré que les bactéries avaient muté et développé une tolérance à l’isopropanol, confirmée par une analyse génomique.

Un modèle en danger

« Alors que la tolérance à l’alcool augmente, nous faisons l’hypothèse que des peaux en contact avec ces solutions, ainsi que les surfaces traitées par des agents nettoyants, ne recevront pas la concentration suffisante en biocide pour une éradication bactérienne effective », expliquent les chercheurs dans leur article, publié dans Science translational medicine.

« Nos résultats ne sonnent pas le glas des gels antibactériens pour les mains », ajoute Tim Stinear, microbiologiste à l’université de Melbourne et auteur principal de l’étude. « Mais ils montrent qu’on ne peut pas uniquement se reposer sur des désinfectants à base d’alcool pour contrôler l’E. faecium en milieu hospitalier ».

Source:

Jonathan Herchkovitch

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