Un jour, Ninon se réveille avec une douleur insoutenable qui lui dévore les deux bras. Elle souffre d’une allodynie tactile dynamique d’une ampleur extrêmement rare. Il s’agit d’une pathologie où le moindre contact avec la peau engendre une violente souffrance. La quête de Ninon pour retrouver la santé donne à l’auteur l’occasion de déployer une cocasse galerie de portraits de médecins aux spécialités diverses.
L’initiation à la maladie de Ninon est aussi une initiation à la vie. Elle passe par la conscience plus aiguë du corps, qui est déjà corps hérité et qu’il faut se réapproprier. La santé perdue, c’était « la vie dans le silence des organes ». Joy Sorman reprend au chirurgien René Leriche cette définition qui date de 1936 et lui donne force et poésie. Son livre montre que la réappropriation du corps passe par la nécessité de lui construire une histoire sienne affranchie partiellement du récit familial, de mettre, sur les maux, de beaux mots.
Joy Sorman, Sciences de la vie, Seuil, 2017