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Alors que les syndicats, les enseignants et deux rapports successifs recommandent une part de rémunération à l’acte pour cette quatrième année, le gouvernement a tranché : les DJA resteront salariés, avec un système de primes censé inciter à la productivité. Un choix que dénoncent fermement l’Isnar-IMG, le Comeli, MG France Jeunes Médecins, le SML, la CSMF, l’ISNI, Médecins pour demain et ReAGJIR, dans un communiqué commun publié aujourd’hui.
Ce modèle salarial serait, selon eux, en totale contradiction avec l’objectif affiché de professionnalisation et de formation à l’exercice libéral. « On nous impose une année censée nous initier à l’exercice en ville, mais sans les mécanismes réels de cet exercice. Quel sens pédagogique ? », résume un représentant syndical.
Des primes absurdes, des objectifs intenables
Le dispositif prévoit deux paliers de primes :
- 200 € pour 200 consultations par mois
- 500 € pour 350 consultations par mois
Dans les faits, cela impose entre 16 et 30 consultations par jour, bien au-delà de la moyenne nationale pour un médecin généraliste installé. Pire : la prime de 200 € est inférieure à celle perçue par les Docteurs Juniors hospitaliers (prime d’autonomie supervisée), malgré une exigence d’activité bien plus élevée.
Pour les organisations syndicales, c’est une incitation claire à privilégier la quantité sur la qualité des soins, au détriment des patients comme de la formation. Ce système ne tient aucun compte des réalités de la consultation, des besoins pédagogiques ou du rythme nécessaire à un apprentissage progressif.
Une reconnaissance à géométrie variable
Autre grief majeur : l’exclusion des DJA du dispositif de prime « ZIP », qui concerne les zones d’intervention prioritaire. Alors même que cette prime est versée aux maîtres de stage dans les mêmes territoires, les jeunes médecins en formation n’en bénéficient pas, y compris en zone d’accès difficile (ZAC) ou en quartier prioritaire (QPV). « Nous sommes des professionnels de santé, pas une variable d’ajustement », martèlent les syndicats.
Ils y voient une incohérence de plus dans un discours politique qui prône l’engagement des jeunes médecins dans les territoires fragiles, tout en les privant des incitations prévues pour les autres acteurs.
Un appel urgent à réviser la copie
Les syndicats appellent d’une seule voix à une révision immédiate de la réforme, dénonçant une quatrième année « professionnalisante » vidée de toute valeur pédagogique et conçue sans les principaux concernés : les internes et leurs formateurs.
Ils réclament :
- Une rémunération plus proche de l’exercice libéral réel
- Un véritable apprentissage de la cotation et de la gestion
- Des incitations compatibles avec la qualité des soins
Sans réponse rapide du ministère, ils annoncent se réserver le droit d’engager d’autres formes de mobilisation.