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Le ministre de la Santé britannique a annoncé mercredi qu’un bug informatique a sans doute coûté la vie à plusieurs centaines de femmes. La faute à une erreur dans l’algorithme gérant l’envoi des convocations aux mammographies de dépistage.
Décidément, le système de santé public britannique et son informatique sont fâchés. Il y a à peine un an, un virus avait profité d’une vulnérabilité de Windows et d’un défaut de mises à jour de sécurité pour crypter les données des hôpitaux. L’accès aux dossiers des patients et aux programmes d’imagerie avaient été bloqués dans des établissements à travers tout le pays, ce qui avait semé la panique pendant un week-end – et un peu plus –, et mis en lumière les défaillances de sécurité du système.
Cette fois, c’est un défaut de l’algorithme qui gère l’envoi des courriers pour le dépistage du cancer du sein qui a été pris à défaut. Ce mercredi, Jeremy Hunt, le ministre de la Santé, a annoncé publiquement cette erreur qui a privé 450 000 femmes de leur dernière mammographie prévue dans le programme de dépistage britannique. Selon les estimations les plus élevées révélées par le ministère, ce bug aurait pu écourter la vie de 270 femmes.
Last but not least
C’est lors d’une analyse de données menée par le Public health England (PHE), l’agence gouvernementale santé anglaise, que l’erreur a été détectée. « Malheureusement, certaines personnes seraient encore vivantes à ce jour sans ce dysfonctionnement », a reconnu le ministre, qui a présenté « les excuses les plus profondes et sans réserves » du Gouvernement.
Les femmes britanniques sont normalement invitées à réaliser un dépistage tous les trois ans entre 50 et 70 ans. L’erreur dans l’algorithme ne les concerne pas toutes à ce jour : seul le dernier, prévu entre le 68e et le 71e anniversaire de ces femmes, a été "oublié". Ainsi, 450 000 dépistages sont passés à la trappe, entre 2009 et 2018.
Le ministère de la Santé fébrile
Sur ces 450 000 femmes, 309 000 seraient toujours en vie et seront contactées. Si elles ont moins de 72 ans, elle recevront leur dernière invitation oubliée. Pour les autres, une ligne téléphonique d’information sera mise en place. Elles pourront appeler pour décider de l’utilité d’un dépistage.
Se pose ensuite la question des femmes non dépistées et décédées à la suite d’un cancer du sein. Leurs familles seront contactées par les services du ministère de la santé. Des excuses personnelles leur seront présentées, et une enquête pourra être diligentée à leur demande, afin de faire reconnaître la responsabilité éventuelle de la mammographie manquée dans l’évolution de la maladie. Avec, à la clé, d’éventuelles indemnisations.
C’est une pierre de plus à l’édifice branlant du système de santé britannique. Lors de la cyber-attaque de 2017, près de 7 000 consultations et interventions chirurgicales avaient été annulées, dont 139 examens urgents de personnes potentiellement atteintes de cancer. Et les problèmes ne tournent pas qu’autour de l’informatique. En janvier 2017, la Croix-Rouge annonçait une « crise humanitaire » liée à la décrépitude du NHS, causée par un manque chronique d’investissements.
Source:
Jonathan Herchkovitch