Robotique : je ne suis pas celle que vous croyez

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Le job des médecins n’est pas menacé par les machines

Robotique : je ne suis pas celle que vous croyez

Les robots et leur impact sur les métiers de la santé étaient au cœur d’un colloque organisé mercredi au Sénat par l’Observatoire de l’hospitalisation privée. Une après-midi de discussion pour une conclusion rassurante : le robot est le meilleur ami du médecin, pas son pire concurrent.

 

Oubliez le fantasme de la médecine sans praticiens, le cauchemar des robots prenant la place des chirurgiens et autres joyeusetés futurologiques. Non, Robocop et ses copains ne menacent pas le boulot des médecins. C’est le message que se sont employés à faire passer mercredi les participants à un colloque sur la robotique en santé organisé par l’Observatoire de l’hospitalisation privée.

« L’idée que des machines réaliseront elles-mêmes les interventions relève encore de la science-fiction », déclare d’entrée de jeu le Dr Alain Milon, généraliste et président de la commission des affaires sociales du Sénat. « Toute forme de robotique destinée à remplacer les gens a toujours échoué », explique Vincent Dupourqué, PDG de Robosoft, qui fabrique notamment le robot d’assistance Kompaï. « On ne demande pas aux robots d’être intelligents, on leur demande de faire ce qu’ils doivent faire. »

Attention, scoop !

D’ailleurs, pour rassurer les plus inquiets, What’s up Doc a un scoop. Le célèbre robot chirurgical Da Vinci… n’est même pas un robot. C’est un téléopérateur, une simple assistance à la chirurgie qui « n’a pas d’autonomie dans ses décisions », indique le Pr Philippe Poignet, directeur du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (Lirmm). Même chose pour les robots de rééducation : « ce sont des outils d’assistance au thérapeute », estime Nathanaël Jarrassé, chercheur à l’Institut des systèmes intelligents de robotique (Isir).

Autre point : le bénéfice clinique des robots est loin d’être prouvé. En chirurgie comme en rééducation, les experts peinent à quantifier le service médical qu’ils rendent et à le comparer à celui des autres techniques. Ce qui ne signifie bien entendu pas que les robots n’ont rien à apporter au monde de la santé.

Des machines merveilleuses, malgré tout

Le Pr Jacques Hubert, chef du service d’urologie au CHU de Nancy et coordonnateur d’un DIU de robotique, en sait quelque chose. « Le robot est une machine merveilleuse, elle nous permet de faire en endoscopie des choses qui ne sont pas réalisables en laparoscopie standard », remarque-t-il. Et ce fervent avocat des robots de lister les désavantages de cette dernière : « des outils rigides, une vision en 2D, un effet pivot… »

Et pour le Dr François Sarkozy (oui, c’est le petit frère de qui-vous-savez), il faut également s’intéresser aux effets indirects de la robotique. « Elle permet de protocolariser les interventions, de limiter la variabilité liée à l’opérateur et aux circonstances, de favoriser la délégation de tâches aux paramédicaux », observe ce pédiatre reconverti dans le conseil en stratégie.

Moralité : on ne sait pas encore si la chirurgie améliore le résultat pour les patients. Mais il est probable qu’elle améliore le vécu des soignants.

 

A lire sur le même sujet : l'interview de Philippe Poignet et celle du Pr Jacques Hubert.

Source:

Adrien Renaud

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