Réforme du système de santé : les propositions décoiffantes de l’Ordre

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Présentation du Livre blanc pour l’avenir de la santé

Réforme du système de santé : les propositions décoiffantes de l’Ordre

Le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) présentait ce matin ses propositions pour l’avenir de la santé. Entre l’introduction d’une note éliminatoire aux ECN et la recertification des médecins tous les six ans, les idées ordinales risquent de faire du bruit.

 

Poussiéreux, le  CNOM ? Voilà une image que l’on pourra bientôt ranger parmi les clichés. Après avoir démontré qu’ils savaient brillamment manier la com’ télévisuelle, après s’être lancés dans une vaste consultation online de la profession, les ordinaux présentaient ce matin à Paris leurs propositions pour l’avenir de la santé. Celles-ci sont en partie issues de la fameuse grande consultation, et (au moins certaines d’entre) elles ne manquent pas d’audace.

Car si nul ne s’étonnera de voir l’Ordre plaider pour l’instauration d’une couverture sociale unique pour les médecins ou pour la préservation des droits sociaux lors d’un changement d’exercice, il est plus surprenant de l’entendre se déclarer en faveur dela mise à disposition d’une aide pour alléger le poids des tâches non-médicales effectuées par les libéraux.

En clair : une mutualisation du secrétariat à l’échelle des bassins de santé. Qui financera cette aide ? « Des fonds notamment conventionnels », peut-on lire dans le livre blanc qui présente les propositions ordinales. Il est permis de regretter ce manque de précision, et de douter de l’enthousiasme des parties à la convention pour ce qui ne manquera pas d’être une nouvelle cotisation. Mais la proposition a le mérite d’être sur la table.

Note éliminatoire aux ECN et recertification

Autre sujet brûlant : les ECN. L’Ordre prône leur régionalisation, l’introduction d’une note éliminatoire et la possibilité de redoubler. « Aujourd’hui, même en ayant zéro aux ECN, on peut être classé et accéder à l’internat », déplore le Dr Patrick Bouet, président du CNOM. Et à quel niveau serait fixée la note éliminatoire ? L’Ordre refuse de se prononcer, arguant que « nous ne sommes qu’au début de la discussion ». Nul doute que lorsque celle-ci aura lieu, les échanges avec les étudiants en médecine seront vifs.

Troisième exemple de l’audace ordinale : le livre blanc propose une recertification des médecins tous les six ans. Enfin une solution au problème des médecins-dangers-publics, jadis dénoncé par What’s Up Doc ? Pas tout à fait. Il s’agirait d’une recertification pilotée par l’Ordre, et elle ne porterait pas sur l’évaluation des connaissances mais sur les conditions d’activité des médecins. « Ce n'est pas une certification de contrôle, c'est une certification de promotion », résume Patrick Bouet. La carotte plutôt que le bâton, en quelque sorte… Une mesure probablement insuffisante, mais qui constitue une bonne base de discussion.

L’Ordre assume donc aujourd’hui plus que jamais un rôle politique. Enjambant presque la Grande conférence de santé, organisée par le gouvernement le 11 février prochain, il se situe au-delà. « En 2018, une nouvelle proposition de réforme se mettra en œuvre, il n’y a pas de doute là-dessus », prophétise Patrick Bouet. « Cette réforme ne pourra pas se faire sans les professionnels de santé ». Que les candidats à la présidentielle se le tiennent pour dit !

Source:

Adrien Renaud

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