Profits, loyers et dividendes : la CFDT dénonce « la spéculation immobilière » dans le système de santé privé

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La CFDT a critiqué mardi le financement par l'argent de la Sécurité sociale de « la spéculation immobilière au cœur du système de santé français » en ciblant notamment les profits des fonds propriétaires des bâtiments des grands groupes de cliniques.

Profits, loyers et dividendes : la CFDT dénonce « la spéculation immobilière » dans le système de santé privé

© Midjourney x What's up Doc

« C'est inentendable pour des citoyens et des citoyennes, pour des professionnels de santé, des salariés, pour des usagers de voir qu'il y a de telles mécaniques possibles, dans un contexte budgétaire extrêmement contraint et où on dit à tout le monde il va falloir faire des efforts », a dénoncé la numéro 1 de la CFDT, Marylise Léon.

Selon un rapport de la confédération syndicale, « de nombreuses entreprises du secteur de la santé et des soins ont cédé leurs biens immobiliers » à partir du milieu des années 2010 pour en devenir locataires, « afin de financer leur propre expansion et de nouvelles acquisitions ».

Or certains de ces bailleurs réalisent des marges particulièrement élevées, largement redistribuées sous forme de dividendes à leurs actionnaires, met en lumière le rapport écrit avec le concours de Cictar, un centre de recherche international sur la finance proche des syndicats.

Le groupe notamment ciblé est Ramsay Santé, premier groupe de cliniques privées en France, qui a réalisé en 2024 un chiffre d'affaires de 3,5 milliards d'euros en France, et qui verse aujourd'hui « 200 millions d'euros » de loyers chaque année, selon les recherches faites par la CFDT et le Cictar.

Ramsay récuse et prône un modèle ancien et assumé

Icade Santé/Praemia Healthcare et Praemia Reim, deux bailleurs du groupe, enregistrent ainsi des taux de marge opérationnelle de respectivement 111% et 134%, et des taux de dividendes (dividendes sur revenus locatifs) de 68% et 129%, selon les recherches de la CFDT et du Cictar.

Le groupe Ramsay Santé récuse fermement les accusations du syndicat. Recourir à la location « est une décision d'allocation de ressources qui date d'il y a plus de 10 ans », a indiqué à l'AFP Jérôme Brice, son directeur général France.

« Notre taux de détention de l'immobilier est extrêmement stable, autour de 20% », et il n'y a eu « aucune opération » de vente d'immeubles depuis 10 ans.

« On ne pourrait pas en détenir beaucoup plus, nous préférons orienter nos ressources vers notre gestion opérationnelle, soins, patients, salariés, investissements », a-t-il également indiqué.

Par ailleurs, la CFDT et le Cictar ciblent le taux d'imposition des fonds investissant dans l'immobilier de santé, qui « est extrêmement bas », quand il est identifiable, évalué autour des 0,3% selon leur rapport.

Les loyers ou commission facturées par ces filiales « sortent de l'argent » des cliniques et peuvent créer des « déficits partiellement artificiels », selon Eva Rescagnères, secrétaire générale de la CFDT Santé Sociaux.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/non-ne-specule-pas-avec-la-sante-un-rapport-appelle-reguler-la-financiarisation-de-la

Dans une clinique en déficit, il « n'y a pas d'intéressement, pas de participation, pas de négociation salariale » et elle peut « demander encore plus d'argent aux pouvoirs publics pour maintenir l'activité de soins », a-t-elle regretté.

Avec AFP

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