
Un exemple de fresque polémique à l'hôpital Robert Debré.
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Datant de 2023, cette œuvre murale incarne l'esprit frondeur des internes, perpétuant une tradition remontant à l'ère napoléonienne. Caricaturant avec audace les sommités médicales de l'établissement, elle a su, dans un premier temps, obtenir l'aval de la direction et de l'ARS, échappant aux écueils de la pornographie et du sexisme.
Cependant, le vent du changement souffle. Des voix s'élèvent parmi le personnel paramédical, exprimant un inconfort face à ces représentations jugées équivoques. La CFDT du CHU, par la voix de Frédéric Louis son secrétaire, réclame le retrait pur et simple de l'œuvre, plutôt pour des raisons d’équité : « Un agent ou une agente qui fait une blague sexiste ou sexuelle, l'encadrement est au courant, et il y aura une sanction disciplinaire et c'est normal, eh bien pour le volet médical, ça doit être pareil ».
« Quand les chefs se rendent à l’internat, le rapport hiérarchique est totalement inversé, à l’internat, on fait ce qu’on veut sur les murs »
Face à cette remise en question, les internes font front, défendant ce qu'ils considèrent comme un pilier de leur identité professionnelle. Benjamin Charroy, ancien président de leur bureau, rappelle avec passion le rôle cathartique de ces fresques : « Quand les chefs se rendent à l'internat, le rapport hiérarchique est totalement inversé. À l'internat, c'est nous les chefs et on fait ce qu'on veut sur les murs ».
Dans ce contexte tendu, Dr Karine Kadri, référente égalité professionnelle, apporte une perspective nuancée : « ce n'est pas parce que ça existe depuis des années que ça ne peut pas changer. Et puis on est dans un contexte national de #metoo à l'hôpital et donc c'est important que les choses changent. Être carabin, ce n'est pas forcément être respectueux de son collègue et donc il faut se poser les bonnes questions pour se comporter correctement à l'hôpital ».
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L'avenir de la fresque se jouera dans les semaines à venir, au terme d'une concertation impliquant toutes les parties prenantes.
Source:
France Bleu