“Plus Ségur, moins c’est cher” : nouvelle manifestation des soignants à Paris

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À quelques jours de la clôture du "Ségur de la santé", les soignants sont, de nouveau, descendus dans la rue dans des dizaines de villes pour demander plus que les 6,3 milliards mis sur la table par le gouvernement.

“Plus Ségur, moins c’est cher” : nouvelle manifestation des soignants à Paris

Ce mardi était une nouvelle journée de mobilisation nationale pour les soignants. À Paris, plusieurs cortèges ont marché pour réclamer “du fric pour l'hôpital public”. L’un d’eux est parti de l’ex-hôpital du Val-de-Grâce pour aller crier sous les fenêtres du ministère de la santé : “Plus Ségur, moins c’est cher”. Dans le cortège clairsemé, la musique et les slogans tentent de donner corps à cette seconde manifestation de soignants post-covid, à l’appel des syndicats et des collectifs hospitaliers. Parmi eux, Christina, aide-soignante est venue avec son amie Djamila pour dénoncer les conditions de travail. “Nos collègues reviennent travailler sans avoir été testés, avec des séquelles physiques et / ou psychiques assez lourdes et on nous demande de recommencer comme avant, comme si cette période n’était qu’une parenthèse. Ce n’est vraiment pas juste ce qu’il se passe en ce moment dans les hôpitaux”. 

Un peu plus loin, le cri des Gilets jaunes, repris depuis dans de nombreuses manifestations, se fait entendre. “On est là, on est là, même si le ministère veut pas nous on est là”. Autour des blouses blanches, une importante présence policière a été déployée. Maryse*, PH en région parisienne, raconte sa fatigue et cette impression de ne pas exister. “Pour soigner quand on avait besoin de nous, on a été là. Et maintenant que la crise est passée, on nous a oublié. Et le pire, c’est que si une seconde vague arrive, on sera là, de nouveau, mais à quel prix ?” Autour d’elle, d’autres soignants racontent être venus pour montrer qu’ils existent aussi. “Dans ce Ségur de la santé, il y a beaucoup de profession médicale qui ne sont pas présentes à la table des négociations, explique Blandine, orthophoniste. Nous on est à 1600 euros brut par mois à l'hôpital pour un bac+5. Clairement, on est pas du tout satisfaite de la gestion de la crise.” Dans le microphone grésillant de la CGT, une syndicaliste lance “Macron on en a marre, on veut plus que six milliards !”

Pour défendre les droits des soignantes, les Rosies étaient aussi présentes dans le cortège. Celles qui se sont fait connaître avec leur tenue bleue, leurs gants de ménage jaune et la chorégraphie “à cause de Macron” pendant la réforme des retraites sont revenues, cette fois-ci avec une chanson pour soutenir le personnel hospitalier. “Faites du bruit c’est l’heure. Applaudissons les soignants. Faites du bruit, c’est l’heure. On n’oubliera pas pour autant” Au milieu des blouses blanches, elles se sont lancées dans cette chorégraphie pour marquer les esprits. Sur un air entraînant, elles dénoncent la façon dont la crise sanitaire a été géré. “Les masques y’en a pas, on achète des lacrymos ! On n’oubliera pas.” “Les femmes sont les grandes oubliées du covid-19, explique Youlie, militante à Attac et Rosie. Il était normal que l’on soit présentes aujourd’hui. Les infirmières, les aides-soignantes, les personnes en charge du ménage dans les hôpitaux… Toutes ces premières de cordée en ont bavé pendant la crise sanitaire et rien n’est fait pour revaloriser leur statut ou leur salaire et ça ce n’est pas possible”.

 

Dans une ambiance bon enfant, le cortège se rapproche du ministère de la santé. Face aux bâtiments arides, les médecins PADHUE font eux un rassemblement pour demander un vrai statut et une reconnaissance de leur travail. À l’arrivée des manifestations, les médecins posent leurs pancartes et commencent à applaudir. “On se bat tous pour les mêmes causes, pouvoir faire notre métier correctement et ne pas être méprisé par l’administration”, explique Abdelraouf. Déjà, les forces de l’ordre commence à disperser la foule. “Avant, les CRS étaient détendus quand ils couvraient une manifestation de soignants, explique Guillaume infirmier en région parisienne. Mais avec ce qu’il s’est passé la semaine passée ils sont remontés à bloc maintenant. C’est incroyable toute cette présence policière”. Une dernière Marseillaise remasterisée “Nous sommes des soignants, aux armes !” et les fourgons commencent à dégonfler leurs statues de plastique et d’air. Dans le cortège, la déception prend toute la place. Anaïs, soignante à l’AP-HP dit qu’elle n’oubliera pas ces mois sans blouse ni masque. “Comment peut-on dire que nous sommes des héros et des héroïnes, nous applaudir tous les soirs et ne pas venir dans la rue avec nous quand on a besoin d’aide ? ” 

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