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Plus d’un tiers des adultes et des adolescents seraient aujourd’hui myopes en France. Dans certains pays d’Asie de l’Est, la prévalence atteint déjà 60 à 70 %. À l’échelle mondiale, la moitié de la population pourrait être concernée en 2050, selon une étude de référence publiée en 2016, avec 10 % de myopies fortes (≤ –6 dioptries).
Pour le Pr Matthieu Robert, ophtalmologiste à l’hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP), l’évolution ne peut pas être imputée à la seule génétique : « Certains gènes favorisent ce trouble de la vision, mais leur fréquence n’évolue pas à l’échelle de quelques générations ».
L’article du Parisien insiste sur le rôle des facteurs environnementaux, en particulier la diminution du temps passé à l’extérieur et l’augmentation des activités en vision de près. Élise Philippakis, ophtalmologiste et directrice adjointe de l’Institut français de myopie, résume :
« Nos modes de vie ont évolué, on est de moins en moins en extérieur et on regarde de plus en plus de choses à faible distance ».
L’usage des écrans, notamment sur smartphone, est présenté comme un élément aggravant. L’appareil est rarement tenu à plus de 40 cm des yeux et combine proximité prolongée et exposition lumineuse. Cédric Thein, fondateur de l’association Myopia, alerte :
« Quand vous scrollez sur votre téléphone dans votre lit en pleine nuit, c’est catastrophique ».
La prévention, enjeu majeur
L’un des messages clés de l’article concerne l’intérêt clinique de freiner la progression, même partiellement. Élise Philippakis insiste sur le lien entre degré de myopie et complications :
« Tout degré de dioptrie en moins compte, car il expose à un risque accru de complications oculaires plus fréquentes ».
Elle précise :
« Chez un myope fort, le risque de décollement de rétine est multiplié par douze et celui de glaucome est multiplié par trois ».
Si un examen oculaire est recommandé chez le nourrisson à 9 mois, il « n’est pas toujours réalisé », souligne l’article. Un constat partagé par Brigitte Virey, présidente du Syndicat national des pédiatres français :
« On doit le faire, mais on ne nous dit pas précisément comment ».
Les pédiatres sont identifiés comme des acteurs clés pour éviter les diagnostics tardifs, en particulier chez des enfants peu symptomatiques, dont les troubles visuels sont parfois repérés à l’occasion de difficultés scolaires.
Dès 2021, Ramin Tadayoni, fondateur de l’Institut français de myopie, appelait à une mobilisation d’ampleur :
« On a une vraie épidémie, il faut lancer un Téléthon de la myopie pour informer les gens ! ».
Quatre ans plus tard, l’article du Parisien dresse un constat similaire : la prise de conscience progresse, mais les mesures de prévention restent limitées, notamment en comparaison avec certains pays d’Asie de l’Est ayant mis en place des politiques de santé publique plus offensives.
Avec AFP
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