MSF : des missions humanitaires à l'épreuve de la Covid

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Le SARS-CoV-2 aussi a repoussé les frontières, compliquant les missions humanitaires de nombreuses organisations qui ont dû faire face à des défis de taille pour maintenir leurs actions. WUD a interrogé le Dr Mathieu Bichet, Directeur médical adjoint de Médecins Sans Frontières au centre opérationnel de Paris.
 

MSF : des missions humanitaires à l'épreuve de la Covid

Protéger, se tenir prêt et continuer à agir. Alors que la Covid frappe le monde de plein fouet depuis un an, les organisations humanitaires ont dû s’adapter rapidement pour apporter l’aide adéquate. Face à une crise sanitaire qui accroît encore plus les inégalités mondiales, le Dr Mathieu Bichet revient sur les défis rencontrés par Médecins Sans Frontières.
 
Protéger les équipes
 
« Quand la pandémie a débuté, la priorité était de protéger notre personnel », explique Mathieu Bichet. « On travaille avec du personnel international expatrié, mais l’essentiel est du staff national, embauché sur place : ce sont des médecins, infirmiers, logisticiens, administrateurs... Il était donc essentiel de les protéger, en particulier ceux dans les unités de soins. Il a fallu trouver du matériel de protection, des masques en particulier. Cela a représenté un défi énorme. Quand on voit comme cela a été compliqué sur le territoire français, on comprend que cela a été très difficile dans d’autres pays plus démunis. Mais on y est parvenu », explique le Directeur médical adjoint de MSF France.
 
Maintenir les activités habituelles
 
« Pouvoir continuer à travailler a été un défi. Il fallait acheminer le personnel international ou le matériel et aux mois de mars-avril 2020, cela a été très problématique. Sur le terrain, il a fallu s’adapter et travailler dans des conditions de stress, sans savoir où l’épidémie allait frapper, protéger nos patients », poursuit Mathieu Bichet.
 
« Mais il était très important de maintenir nos activités car il y a des situations de détérioration de l’économie pré-existante, comme c'est le cas au Liban, si on rajouter la pandémie par dessus, c'est dramatique. Certains pays ont arrêté ou reporté les campagnes de vaccination. Il fallait poursuivre nos missions pour ne pas voir apparaître d'autres épidémies dans la pandémie. On a tout fait pour maintenir nos consultations, hospitalisations, opérations… »

Autre défi, faire face à des pénuries ou difficultés d'approvisionnement. « Beaucoup d'entreprises qui fabriquaient des tests de dépistage du paludisme se sont reconverties dans les tests Covid par exemple. MSF n'a pas été en rupture, mais cela a été le cas de certains gouvernements et nous avons dû nous substituer à eux», illustre Mathieu Bichet. 
 
Traiter les patients Covid
 
Avant même que l’épidémie frappe, il faut se tenir prêt. Et avoir un coup d'avance face à un ennemi aussi imprévisible peut s'avérer très complexe. « Il a fallu être en mesure de traiter les patients Covid. L’épidémie n’est pas homogène partout. Le continent Africain, a été relativement préservé au moment de la première vague. Mais on ne le savait pas, il fallait se préparer au mieux. Dans certains pays, c’est un enjeu de pouvoir délivrer des soins appropriés et de se procurer de l’oxygène. »
 
MSF a ouvert plusieurs unités de traitements dédiées à la Covid. C’est le cas en Afghanistan, en Haïti, au Mali ou encore en Irak.
 
Prévention, dépistage et vaccination
 
« Nous avons mené beaucoup d’actions en lien avec la Covid, notamment à visée préventive », commente Mathieu Bichet.
 
Par exemple à Bamako, MSF a délivré du matériel de protection, dont des masques auprès d’associations de diabétiques. Dans un camp de déplacés au Bangladesh, c'est une distribution de savon qui a eu lieu associée à une confection de masques.
 
« On a réalisé des campagnes de dépistage dans plusieurs endroits, des consultations, on a supporté les laboratoires nationaux pour faire des tests PCR en fournissant du matériel. On a participé à notre échelle, localement », précise Mathieu Bichet.
 
La question de la vaccination, à l’instar de la situation mondiale, reste épineuse. « C’est un sujet discuté en continu, il y a des dispositifs en place dont Covax par l’ONU mais aussi accords bilatéraux de certains Etats avec la Chine, la Russie, l’Union Africaine. Mais la mise en œuvre reste difficile. De notre côté, on développe notre capacité à déployer dans certaines villes, à petite échelle, pour des cibles comme les soignants, une ultra-chaîne de froid pour conserver les vaccins Pfizer ou Moderna qui sont acheminés. On ne dispose pas pour le moment de vaccin, on n’a pas cette autonomie mais on y travaille et en attendant on reste à disposition, les choses évoluent très vite ».
 
 
 

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