Médecins réfugiés, médecins oubliés

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une longue attente pour exercer

Médecins réfugiés, médecins oubliés

C’est une situation dont on parle peu. Parmi les réfugiés, on compte un nombre certain de médecins et professionnels de santé. Arrivés sur le territoire français, un long parcours les attend pour exercer de nouveau. L'association d’Accueil aux médecins et personnels de santé réfugiés (APSR) est là pour les aiguiller. Rencontre.
 

Quitter son pays n’est pas chose facile, encore moins quand on est médecin en exercice et qu’on s’épanouit dans sa vie professionnelle. Mais une guerre, un régime autocratique, ou une situation géopolitique instable peuvent pousser un individu à fuir sa patrie. Comment faire alors pour se reconstruire ailleurs ?

En France, le parcours, s’il n’est pas chaotique, est particulièrement long. En effet dans la majorité des cas, c’est d’abord par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) qu’il faut passer. L’obtention d’un titre de séjour, même provisoire, est indispensable pour envisager une suite sur le territoire français. Une procédure dont la durée peut être variable en fonction de divers facteurs, dont l’urgence de la situation des pays de départ de ces médecins demandeurs d'asile. Et si le précieux sésame est obtenu, s’engage alors un second parcours pour pouvoir, de nouveau, exercer la médecine. 

De l’accompagnement et de la patience

Pour les accompagner dans cette démarche, ils peuvent solliciter l’aide d’une petite association, logée dans les locaux de l’hôpital Sainte-Anne dans le 14ème arrondissement de Paris. L’ association d’Accueil aux médecins et Personnels de Santé Réfugiés (APSR) permet à ces demandeurs d’asile d’être accompagnés dans les démarches de reprise de leur exercice.  

Léo, l’un des bénévoles rencontrés à l’association, nous explique les démarches à suivre pour lesquelles l’association est un soutien indispensable aux réfugiés. « Il y a deux possibilités : la plus couramment utilisée est celle d’une Procédure d'autorisation d’exercice (PAE). […] Il faut généralement compter trois ans, voire quatre, car la première exigence, c’est la maitrise du français au niveau B2 qui elle, prend bien une année. Les médecins doivent ensuite passer un examen pratique et théorique des connaissances suivi d’une période de stage de trois ans en environnement hospitalier. Et cette procédure est valable pour tous les professionnels étrangers » Un parcours pas toujours facile pour les personnels de santé réfugiés, qui parfois choisissent d'aller exercer en province, soit par conviction, soit par défaut de place dans les centres d'Île-de-France.

Reprendre à zéro

Mais il y a d’autres cas plus rares : « Tenez, la personne qui vient de partir a tenté l’examen théorique trois fois, ce qui est le maximum légal, et elle ne l’a pas réussi. Elle va donc devoir reprendre ses études de médecines à zéro. » ajoute Léo. Une situation difficile lorsque l’on connait la précarité de ces populations fragiles à qui, dans leurs premiers mois de séjour, on accorde moins de 10 euros par jour. « Passer de 8 euros environ, à 2000 euros brut pendant la période de stage, c’est un bond immense, qui leur permet de sortir de la précarité. ».

Selon les derniers chiffres publiés par le Centre national de gestion (CNG), en charge de l'organisation des examens PAE, en 2013 sur 57 réfugiés inscrits à la PAE, seuls 23 ont été reçus au premier examen de connaissances. Un nombre qui pourrait augmenter avec l'afflux migratoire de ces derniers mois.   

 

Source:

Johana Hallmann

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