Médecins pompiers : humbles cowboys

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Premiers secours

Médecins pompiers : humbles cowboys

Ayant postulé « au culot » à la BSPP alors qu'elle exerçait au Samu à Toulouse, Laurence Szultman a d'abord dû s'habituer à se faire appeler "capitaine", à compter le nombre de barrettes des bonhommes qui arpentaient la caserne et à dormir sur son lieu de travail, jusqu'à trois endroits différents en une semaine.

Au bout d'un an à la BSPP, avec ses 5 à 6 "inters" par garde de 24 heures, ses journées de formations mensuelles, ses entraînements sportifs, les sorties pour "rien", et même les 12 heures usantes en centre d'appels « à s'en faire des escarres », la jeune trentenaire sait que toute autre vie professionnelle semblerait « bien fade ». Ce médecin généraliste assure qu'elle n'aura jamais autant appris que parmi les pompiers de Paris, ces secouristes « super-entraînés » à force de répéter les exercices et les inters : « je me souviens les premiers temps écouter un bilan d'un chef des secours, et me dire "Mon dieu son bilan est parfait"! ». Le médecin en prend également pour son grade lorsque, en centre d'appels, elle entend les hurlements d'une femme qu'elle croit souffrir d'une dissection aortique. Arrivés avant le médecin, les pompiers n'ont décelé « qu'» une colique néphrétique.

 

Hyperactivité et patience

« Bien sûr qu'on vit pour cela, pour les "bonnes" inters. Or, il faut savoir ne pas jouer les cowboys : un pair m'a prévenu : dès que tu ne doutes plus, arrête ! » Là réside le paradoxe : pouvoir, en robot chargé à l’adrénaline, analyser une situation en une demi-seconde afin d'organiser le poste médical avancé, décider ou non d'appeler du renfort, savoir agir en toutes situations* et, en même temps, rester patient devant son patient : « Pour les crises d'épilepsie par exemple, alors qu'en médecins de l'urgence, nous pourrions avoir tendance à vouloir déployer la grosse artillerie, il faut aussi attendre que le premier niveau médicamenteux agisse. »

Rester patient, et modeste :  «On a tous notre cimetière » assure Laurence qui raconte que ses compagnes de chambrée l'ont entendue dans son sommeil établir, toute la nuit durant, le bilan d'un polytraumatisé. Bien qu'agité, le sommeil n'en reste pas moins un des précieux atouts de ce Dr à l'énergie communicative, capable, depuis qu'elle « vit » BSPP, de s'endormir n'importe où n'importe quand...

 

 

* Les interventions les plus courantes pour les médecins de la BSPP de Paris sont (dans le désordre) : les appels pour des douleurs de poitrine, les infarctus, les accouchements, les arrêts cardiaques, les victimes d'accidents de la voie publique ou du transports publics, les défenestrés... .

 

 

 

 

 

 

Source:

Marie Barral

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