Médecins généralistes : nouvelles missions, nouveaux moyens ?

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MG France organisait le 30 janvier un colloque pour réfléchir aux questions suivantes : répartition des médecins libéraux sur le territoire ; freins et incitations à l'installation ; enjeux pour les collectivités territoriales ; conséquences futures en matière de santé publique… Compte-rendu des débats.

Médecins généralistes : nouvelles missions, nouveaux moyens ?

« S’installer, exercer et vivre dans son territoire : un défi pour les professionnels, un enjeu pour les politiques ». Tel était le thème du colloque de MG France qui a réuni le 30 janvier dernier de nombreux experts, des élus, des présidents de syndicats de jeunes médecins (ISNAR-IMG, ReAGJIR…), ainsi que des institutionnels, comme le président du Cnom, le Dr Patrick Bouet, ou la directrice de la DGOS : Katia Julienne.

Tout ce beau monde a échangé l’espace d’une matinée, au travers de plusieurs tables rondes, sur les thématiques suivantes : la répartition des médecins libéraux sur le territoire ; les freins et incitations à l'installation ; les enjeux pour les collectivités territoriales ; les conséquences en matière de santé publique dans les mois et années à venir…

C’est Joy Raynaud, géographe de la santé et spécialiste de l’accès aux soins, qui a inauguré la matinée en présentant des données démographiques. En l’espace de quelques diapositives, elle a « démoli le mythe de l’héliotropisme des médecins généralistes », estime MG France dans un communiqué daté du 3 février. En effet, avec 110 00 médecins généralistes de moins en dix ans, « c’est la totalité de la carte de France qui affiche la catastrophe sanitaire entraînée par une démographie professionnelle défavorable », note le syndicat qui a tiré les conclusions suivantes à l’issue des débats.

L'indispensable trépied

Tout d’abord, que « l’implication de tous » (médecins, pharmaciens, usagers, etc.) est « indispensable pour organiser une offre de soins pérenne sur les territoires ». Notamment celle des élus locaux qui sont « de bons connaisseurs des besoins de santé de la population ».

À leur charge donc de contribuer avec les professionnels « à l’élaboration des projets et à définir la bonne maille pour le regroupement des professionnels qui permet de mutualiser les moyens indispensables au bon fonctionnement des cabinets », selon MG France, qui considère que ce bon fonctionnement repose sur un « indispensable trépied : équipe de soins de proximité du médecin traitant (assistant, infirmière de santé publique, stagiaires), local adapté à la présence de ces professionnels, outils de diagnostic et de communication modernes. »

Dans un contexte de pénurie de médecins, le colloque a également pointé du doigt les besoins de soins grandissants d’une population vieillissante et le poids croissant des maladies chroniques. Des médecins à qui l’on demande aujourd’hui, des « services nouveaux », comme la prévention, le service d’accès aux soins et le maintien à domicile des personnes âgées, constate MG France. Pour pouvoir répondre à ces nouvelles missions, les médecins doivent bénéficier de « moyens nouveaux », plaide le syndicat.

Améliorer les conditions d’exercice

Pour renforcer l'attractivité de la profession et pousser les jeunes médecins à franchir le pas de l’installation libérale, il est aussi indispensable d’améliorer les conditions d’exercice des médecins généralistes, ont expliqué lors du colloque deux présidentes des syndicats de jeunes médecins généralistes : Marianne Cinot (Isnar-IMG) et Laure Dominjon (ReAGJIR).
 
Leurs propositions ? L’accompagnement financier des porteurs de projets de CPTS, « qui doivent être davantage soutenus par les administrations qu’à l’heure actuelle », soutient MG France. Mais aussi la revalorisation significative de la visite à domicile « à la hauteur des enjeux du maintien à domicile d’une population âgée ou dépendante de plus en plus nombreuse ». Et, enfin, le financement du volet ambulatoire du service d’accès aux soins pour la population, « décidé par la ministre de la Santé, mais actuellement sans moyens », selon MG France.
 
Quant à Jacques Battistoni, le président de MG France, il a conclu le colloque en lançant l’avertissement suivant : « On demande toujours plus aux médecins généralistes qui veillent sur la santé de leurs concitoyens en proximité. Mais les médecins généralistes, de moins en moins nombreux, sans moyens supplémentaires substantiels, sans facilitation concrète de leur exercice, ne pourront pas répondre à ces missions nouvelles, malgré un engagement quotidien ».
 

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