Médecine gé : les enseignants se rebiffent

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Médecine gé : les enseignants se rebiffent

Le refus du ministère de faire passer le DES de médecine gé à quatre ans a déclenché la colère des enseignants généralistes. Pour eux c’est clair, leur formation est lésée. Un avis que ne partagent pas les internes.

 

Les enseignants généralistes ne sont pas contents et le font savoir. La raison ? Dans le cadre de la réforme du 3e cycle, le diplôme d’études spécialisées (DES) de médecine générale devrait, pour la rentrée prochaine, se maintenir à trois ans au lieu des quatre qu’ils préconisent. Cette décision du ministère clôt un débat entamé avec les généralistes enseignants plusieurs années plutôt. De son côté, le syndicat des internes en médecine gé (Isnar-Img) aurait tendance à soutenir le Ministère face à ses aînés.

« Les internes en médecine générale ne sont pas suffisamment formés », explique le Pr Vincent Renard, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). Pour lui, les internes ne sont pas prêts à exercer à la fin de l’internat. « S’ils l’étaient pourquoi la grande majorité d’entre eux ne s’installent pas après leur diplôme ? » Et puis surtout : « Le DES de médecine générale sera le seul à durer trois ans, cela stigmatise la discipline », regrette-t-il.

Pas assez de moyens derrière

« Nous n’avons pas de complexe d’infériorité par rapport aux autres spé », affirme de son côté Stéphane Bouxom, porte-parole de l’Isnar-Img. « Dans un premier temps la réforme va permettre d’améliorer la qualité de la formation. » Mais pour l’instant, le porte-parole de l’Isnar-Img estime qu’il serait précipité de vouloir ajouter une autre année. « Actuellement, nous n’avons pas les moyens pédagogiques nécessaires. » La discipline compterait un nombre insuffisant de maîtres de stages. « Notre filière est jeune, il faut que les enseignants aient le temps de se former », juge-t-il.

En ce qui concerne les moyens pédagogiques, Vincent Renard est d’accord. « Nous souhaitions une transition de 3 à 4 ans pour mettre en place le nouveau DES de médecine gé », précise le président du CNGE. Quant au faible nombre de terrains de stage, le généraliste est confiant : « Les jeunes sont plus disposés à devenir maître de stage que les anciens. »

Un dernier tour de Saspas

Par ailleurs, le CNGE craint qu’avec un DES plus court que les autres, l’internat de médecine gé devienne uniquement une passerelle vers d’autres spécialités. « La nouvelle maquette ouvre l’accès à toutes les formations spécialisées transversale (FST), même si elles n’ont rien à voir avec l'exercice de la médecine générale. » Le son de cloche est différent du côté de l’Isnar-Img. « Pour rendre la médecine gé attrayante, il faut que les internes puissent affiner leur connaissance sur certains domaines », commente Stéphane Bouxom.

Mais surtout, les internes craignaient que la quatrième année proposée par les enseignants ne soit que du remplacement déguisé. « Le président du CNGE nous l’a présenté comme une année de Saspas. » Selon Vincent Renard, cette réaction est paradoxale. « Aujourd'hui, en quatrième années, les internes font déjà des remplacements qui ne sont ni déguisés, ni formateurs. » Sauf qu’ils sont rémunérés pour ça…

Quoi qu’il en soit, une réunion entre le CNGE et le ministère est prévue vendredi 31 mars. Peut-être n’est-il pas trop tard pour apaiser les tensions...

 

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