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Dans son plan de lutte contre les déserts médicaux présenté en avril, François Bayrou a introduit un point jusque-là peu débattu : plafonner l’activité de médecine esthétique chez les médecins généralistes conventionnés à 10 % de leur chiffre d’affaires. « Une proposition prise par le gouvernement seul », a précisé l’Ordre des médecins, cité par La Tribune. Une mesure qui, selon plusieurs syndicats et médecins, serait à la fois irréaliste et contre-productive.
Le calcul est jugé intenable : « Le chiffre d’affaires d’un cabinet de médecin généraliste se situe entre 10 000 euros et 20 000 euros par mois. Or, dix injections de botox représentent déjà 6 000 euros de chiffre d’affaires. L’équation est impossible ! », témoigne un généraliste dans La Tribune.
Entre encadrement et attractivité
Yannick Neuder, ministre de la Santé, a justifié cette volonté de régulation en pointant une croissance jugée préoccupante : « Une injection de botox à 300 euros la séance est plus attractive qu’une consultation médicale à 30 euros », a-t-il déclaré à l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS). Il a aussi évoqué des « mesures coercitives en septembre », allant jusqu’à proposer de « limiter cette activité à une journée par semaine ».
Du côté des médecins, la réaction est immédiate. « La médecine esthétique est un facteur d’attractivité pour la médecine générale », prévient la Dr Sophie Bauer, présidente du syndicat des médecins libéraux. Selon elle, « une nouvelle contrainte ferait fuir les jeunes de la filière », déjà fragilisée.
D’autant que la demande est bien réelle. La Tribune rappelle qu’environ 2 millions de Français ont recours à des actes de médecine esthétique, un chiffre en progression de 8 % par an depuis 2021, notamment porté par les réseaux sociaux et le vieillissement de la population.
Un encadrement déjà amorcé par l’Ordre
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a, pour sa part, déjà entamé un travail de structuration. Depuis janvier, seuls les médecins généralistes titulaires d’un diplôme interuniversitaire reconnu peuvent pratiquer. Les spécialités comme les dermatologues, chirurgiens plasticiens, ophtalmologues, chirurgiens maxillo-faciaux et ORL, restent autorisées par leur formation initiale. Les médecins en activité depuis plusieurs années devront quant à eux passer devant une commission d’évaluation.
« Actuellement, c’est un no man’s land et on ne sait pas vraiment combien de médecins pratiquent cette activité », admet le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du CNOM. Il insiste cependant sur la responsabilisation plutôt que la sanction : « Leur responsabilité en cas d’acte mal réalisé sera davantage engagée ».
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