Les vrais chiffres de la santé mentale des jeunes : un défi massif, un enjeu pour les médecins

Article Article

L'étude de la Mutualité Française, en partenariat avec l’Institut Montaigne et l’Institut Terram, publiée en septembre 2025, dresse un constat préoccupant : anxiété, dépression et idées suicidaires progressent fortement chez les 15-29 ans. Des données qui interpellent directement les médecins, en première ligne pour repérer et accompagner cette génération vulnérable.

Les vrais chiffres de la santé mentale des jeunes : un défi massif, un enjeu pour les médecins

© DR

Les médecins généralistes, première ligne d’action pour la santé mentale des jeunes

Le constat est alarmant, plus d’un quart des jeunes de 15 à 29 ans souffrent de dépression. La détresse psychique progresse rapidement, alimentée par des facteurs multiples : précarité économique, isolement social, pressions scolaires et professionnelles, exposition aux réseaux sociaux et à leurs dérives. 

Pourtant, 19 % des jeunes qui ressentent le besoin de consulter un professionnel ne passent pas à l’acte. Les raisons sont variées : la peur de la stigmatisation (24 %), le coût des soins (17 %), ou encore le scepticisme quant à l’efficacité d’une démarche thérapeutique (18 %). 

À cela s’ajoutent des freins matériels : difficultés de transport, indisponibilité des rendez-vous, manque de temps. 

Finalement, seuls 38 % des jeunes ont déjà évoqué leur santé mentale avec un professionnel, et seulement un sur cinq l’a fait à plusieurs reprises. Cette proportion augmente un peu avec l’âge : 39 % chez les 15-17 ans, 43 % chez les 26-29 ans. 

Par ailleurs, le recours aux professionnels de santé peut être plus faible dans les territoires où les jeunes déclarent un mal-être très élevé. Par exemple, en Outre-mer, seuls 30 % des jeunes ont consulté, alors même que les taux de dépression y sont plus élevés (39 % contre 25 % en moyenne nationale). 

Lorsqu’ils consultent, 56% des jeunes s'adressent à un psychologue et 25 % à un psychiatre (25 %), tandis que 46 % passe d'abord par leur médecin généraliste, confirmant son rôle de porte d’entrée dans le parcours de soins. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/la-sante-mentale-grande-cause-nationale-2025-etait-au-coeur-du-44e-congres-de-la-mutualite

Des signaux faibles à repérer

L’étude rappelle que la souffrance psychique des jeunes ne s’exprime pas toujours par une plainte explicite. Elle passe souvent par des symptômes détournés : troubles du sommeil, douleurs diffuses, anxiété persistante, irritabilité inhabituelle ou consommation excessive (alcool, tabac, jeux vidéo, achats compulsifs). 

Ces manifestations doivent alerter, car elles traduisent fréquemment un malaise sous-jacent. Pour les généralistes, il est fondamental de savoir repérer ces signes car l’enjeu n’est pas seulement de poser un diagnostic mais également d’ouvrir l’espace de la parole. 

Au-delà du repérage, le rôle des médecins de premier recours est aussi d’accompagner la prévention et la sensibilisation. Or, si plus de trois quarts de jeunes (76 %) déclarent avoir été sensibilisées à la santé mentale, seuls 19 % déclarent l'avoir été par un professionnel de santé. 

Ce chiffre montre combien le potentiel éducatif du médecin reste sous-exploité. Le généraliste peut contribuer à normaliser la parole sur la santé mentale, à expliquer que consulter n’est pas un signe de faiblesse mais un acte de soin et à informer sur les dispositifs existants. 

En s’emparant de ce rôle pédagogique, les médecins deviennent des acteurs essentiels en faveur de la déstigmatisation et la promotion de la santé. Une mission essentielle pour une génération qui hésite encore trop souvent à demander de l’aide. 

Une amélioration du parcours de soin plébiscitée

13 % des jeunes déclarent ne pas savoir vers qui se tourner en cas de besoin. Résultat : des parcours morcelés, non coordonnés, où beaucoup abandonnent avant même une première démarche, notamment lorsqu’obtenir un rendez-vous est impossible (5%). 

Dans ce contexte, le rôle d’orientation des généralistes devient central. Ils sont les mieux placés pour aiguiller vers les CMP (Centre Médico-Psychologique), les psychologues conventionnés, les Maisons des adolescents ou les centres de santé. 

Pourtant, les dispositifs existants restent mal connus, aussi bien par les jeunes que par certains professionnels. C’est le cas de « Mon soutien psy », qui permet jusqu’à 12 séances remboursées par an, mais dont la visibilité demeure limitée. 

Par ailleurs, l’étude souligne que 36 % des jeunes plébiscitent comme priorité la facilitation de l’accès aux soins psychologiques ainsi que le renforcement de la prévention. Ils demandent aussi un effort sur le coût (34 %), sur le renforcement de l’offre (31 %), mais également sur le bien-être quotidien (29 %), via le sport, la culture ou la vie associative. Autant de pistes qui appellent une mobilisation intersectorielle, mais dans laquelle les médecins généralistes restent les premiers repères, et parfois les seuls, d’une jeunesse en quête d’écoute et de soutien. 

Chiffres santé mentale
- Une étude commentée avec la Mutualité Française
Aucun commentaire

Les gros dossiers

+ De gros dossiers