Manif du 15

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Les internes face à leur avenir

Manif du 15

Dimanche, les internes étaient présents en nombre à la manifestation pour protester contre la loi de santé et faire part à Marisol Touraine de leur mécontentement. Et l'inquiétude face à l'avenir de la médecine est un sujet qui préoccupe beaucoup la jeunesse de la profession.

Frédéric, interne de chirurgie à Saint -Louis nous le confirme : "Il y a plein de choses qui m'inquiètent : ne plus avoir le temps de bien soigner, de bien opérer, perdre une relation de confiance avec son patient, mais aussi d'être sous pression administrative ou financière de certains organismes". Même s'il reconnaît l'utilité des assurances et mutuelles, Frédéric redoute "des moyens de pression qui nous empêcheront de bien soigner plus tard".

Interne en pneumologie, Clément a fait le déplacement : il vient de Nice, par le train du matin. Il redoute, avec la loi de santé, un système qui tendrait vers les systèmes anglo-saxons. "Ce qui nous fait peur, c'est de se retrouver avec une médecine à deux vitesses, des riches qui peuvent payer des soins de bonne qualité et des personnes qui ne pourront pas payer ou qui seront obligé d'attendre de plus en plus longtemps pour se faire soigner, avec une baisse des moyens financiers dans les hôpitaux."

Jean-Noël, interne en anesthésie-réa à Montpellier à des craintes plus précises sur la formation. Il repproche "le caractère très flou de la loi". Cela lui fait craindre une "porte ouverte à énormément de dérives", et notamment à "l'hyperpouvoir des ARS sur la refonte de la sécurité sociale, et sur la formation des médecins et en particulier des internes. Nous sommes inquiets par rapport à notre formation parce qu'on a peur que ce soient les ARS qui décident du lieu où l'on va être formé, et que ce soit plus dans un soucis de répartition des ressources médicales sur le territoire que dans un soucis de qualité de formation." Les craintes sont aussi plus générales : "on a peur des nouveaux statuts des praticiens hospitaliers, on a peur de ce qu'il se passera si le tiers payant est généralisé pour tout le monde, parce qu'on a peur que les mutuelles prennent le pas sur la sécurité sociale et qu'elle soit finalement privatisée."

Une chose est sûre, les jeunes n'avaient pas peur de crier leur mécontentement.

 

Propos recueillis par Léa Drouelle
Photo : Cécile Lienhard

 

Source:

Cécile Lienhard

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